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Tee Ville, tout le monde est beau, mais tout le monde n’est pas forcément gentil. Demandez à Chosp, l’un des trois fils du gouverneur et de sa starlette d’épouse. Le pauvre gamin est constamment mis à l’écart par ses parents, qui le cloîtrent dans la résidence familiale. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il ressemble plus à un alien qu’à Justin Bieber. Et dans un monde aseptisé, où l’apparence physique s’érige en valeur fondamentale de la société, être laid est devenu une véritable tare. Heureusement, Chosp est aussi un sacré garnement au caractère bien trempé. Il décide de partir à la recherche de sa véritable identité en compagnie de son amie, Melody. Première étape : un vaisseau spatial qui vient tout juste d’atterrir à proximité de la ville. Y aurait-il un lien avec son joli visage de martien ?
Au premier abord, la couverture flashie ne permet pas d’être particulièrement optimiste, même si le nom d’Alessandro Barbucci, l’un des auteurs de Sky-Doll, attise immédiatement la curiosité. C’est pourtant un album franchement sympathique que propose l’auteur. En créant un univers complètement déjanté, peuplé de vedettes du showbiz et de personnages hauts en couleur, tel le chirurgien esthétique au coup de bistouri facile ou la baby-sitter-bimbo Wendy, le premier tome de Chosp s’avère très plaisant à lire. Bien sûr, il faudra passer outre l’humour parfois lourdingue, clairement destiné à un public de jeunes adolescents, mais la succession de saynètes, bien réalisées dans l’ensemble, ne laisse jamais l’occasion de s’ennuyer.
Le premier chapitre est le seul, sur les six, à être mis en couleurs. Les cinq suivants permettent d’apprécier pleinement le dessin de Barbucci, largement inspiré, pour l’occasion, par le manga : visages déformés, expressions exagérées, grandes onomatopées qui traversent les cases… Tout est mis en œuvre pour dynamiser le récit.
Truffé de références cinéphiles et bédéphiles qui devraient titiller les neurones des lecteurs les plus âgés, Chosp est cependant destiné à un public beaucoup plus jeune. Une bouffée d’oxygène dans un secteur qui peine à se renouveler.
On est attiré par... le nom de Barbucci au dessin, le créateur des somptueuses Sky-doll.
Et on est rebuté par... le scénario du même Barbucci.
Hélas, si quelques dessins sont corrects, la majorité donne l'impression d'être sortis du panier à rebuts d'un mangaka débutant. Le scénario ne manque pas d'imagination, mais peine à entretenir la curiosité du lecteur, tant c'est une suite d'équipées décousues. Tout ça donne l'impression d'avoir été conçu sur une serviette en papier au McDo du coin.
Enfin, si nos (jeunes) ados aiment, qu'avons-nous à y redire...