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Erzsebet

11/11/2010 11118 visiteurs 8.0/10 (1 note)

« Le sang, c’est la vie ».
Délaissée par son mari parti guerroyer contre les Turcs, Erzsebet Bathory comble ses longues journées au château de Csejthe en maltraitant ses servantes et en s’adonnant à des jeux pervers avec Illona, sa fidèle nourrice et pourvoyeuse. Un jour, elle disparaît dans le sillage d’un certain Cadaverius Levicorpus et réapparaît un plus tard, échevelée et en haillons. Les domestiques s’aperçoivent rapidement que la comtesse a plongé dans une folie meurtrière qui la pousse à mutiler et à tuer toujours plus de jeunes vierges afin conserver sa beauté en s’aspergeant de leur sang. Des orgies dantesques et sanglantes se succèdent alors, tandis qu’Illona et Dorcko, les complices de la première heure, déciment les campagnes à la recherche de chair fraîche.

Pendant féminin de Vlad Tepes, Gille de Rais en jupons, Erzsebet Bathory (1560-1614) a inspiré la littérature (la Carmilla de Bram Stoker lui est fortement apparentée), l’opéra, le cinéma (La Comtesse, réalisée par Julie Delpy, est sorti en avril 2010), ainsi que la bande dessinée puisque Pascal Croci en offrait déjà une vision romantique et tourmentée dans Elisabeth Bathory, paru aux éditions Emmanuel Proust en septembre 2009. À leur tour, Cédric Rassat (La Frontière, Manson, On dirait le Sud, William Panama) et Emre Orhun s’attaquent à cette légende aux relents sulfureux. L’un au scénario, l’autre au dessin, en font un conte gothique, macabre et cruel, entraînant le lecteur dans une valse orgiaque et vicieuse que n’aurait pas reniée le Marquis de Sade. Et pour cause ! La démence qui touche Erzsebet la pousse aux pires crimes afin de soulager sa terreur de voir un jour le Temps la marquer de son empreinte inéluctable.

Doté d’une narration fluide et exempte de fioritures, le récit commence par deux planches évoquant l’emmurement de la noble accro aux bains de sang, après la découverte de ses forfaits et son procès retentissant. Puis, un retour en arrière permet de suivre sa descente, déjà bien orientée, vers le dernier cercle des Enfers, depuis les mauvais traitements infligés à ses domestiques, moins bien considérées que des animaux, jusqu’à le prise d’assaut de son château, en passant par sa fugue à la suite d’un inconnu au visage blafard et à l’allure vampirique et sa rencontre avec une vieille édentée qui lui fait prendre conscience du caractère éphémère de la jeunesse comme de la beauté. Ces deux derniers moments constituent les pivots des changements qui s’opèrent chez Erzsebet, de son passage du plaisir de molester et d’humilier à la jouissance perverse de l’assassinat.

Des corps défigurés, mutilés, démembrés, vidés de leur sang, enchevêtrés peuplent les pages et forment un contraste à la limite de la nausée avec les silhouettes encore vivantes qui s’adonnent ou sont soumises à des jeux sexuels toujours plus monstrueux. Cela est terriblement et magnifiquement rendu par le dessin, fascinant, d’Emre Orhun qui utilise la méthode de la carte à gratter. Du fond noir, il extirpe des visages tourmentés, possédés, des figures cauchemardesques parfois surmontées de cornes (celles des coiffes et non celles du Diable), des paysages plongés dans les ténèbres. Les scènes se succèdent, dans la noirceur, et évoquent, par leur aspect terrifiant et la démence qui les sous-tend, certaines toiles de Jérôme Bosch.

Petit bijou gothique, Erzsebet invite à une balade dans l'horreur aussi délectable, dans la façon dont elle est menée et mise en images, que terrifiante.

Par M. Natali
Moyenne des chroniqueurs
8.0

Informations sur l'album

Erzsebet

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 25/11/2020 à 13:40:11

    C'est une bd gothique dont le fond ne me plaît pas. Quant à la forme, c'est un somptueux dessin en carte à gratter. C'est un peu à l'image de ce que j'ai ressenti. Nous avons en effet l'histoire d'une femme, comtesse et cousine du roi, ayant probablement existé en Hongrie dans les années 1600.

    Pour maintenir sa beauté, elle n'hésitait pas à faire tuer de jeunes filles vierges pour se baigner dans leur sang. Voilà la typologie même de la femme belle mais cruelle. Il est clair que dans la réalité, cela pourrait également trouver une certaine résonnance car l'apparence occupe toujours une grande place dans notre société moderne. Heureusement, qu'on ne tue plus.

    J'ai franchement été dégouté par ce que j'ai lu. J'ai essayé de maintenir une certaine distance émotionnelle. Cela n'a pas été une lecture très agréable, c'est le moins qu'on puisse dire. Cependant, il faut quelque fois passer par là pour comprendre certains thèmes.

    macluvboat Le 05/02/2011 à 14:24:38

    Oeuvre trés gothique, sanglante mais elle vaut le coup d'oeil de part le style des dessins (méthode carte à gratter). Cette histoire retrace la vie de la Comtesse Bathory qui buvait ,se baignait dans le sang de vierge afin de préserver sa jeunesse. Le scénario n'est pas plus compliqué...
    A voir pour les dessins mais aprés l'ambiance, l'histoire sont un peu spéciales...