« Hier soir, ou ce matin très tôt, avant de m’endormir j’avais commencé à écrire… un récit inachevé. Car plus rien n’avait de sens pour moi.
Les chiens de la mort m’ont rattrapé et je m’en vais rejoindre enfer ou paradis sans avoir rien accompli.
Hier c’est l’passé, et au présent je n’peux plus dire que j’ai toujours bien compté y rester, car mon futur est d’ores et déjà anéanti. Dans la peau d’un terrien je ne suis plus, c’est dans la peau d’un voyou qu’ils ont fini par m’achever ».
Un cauchemar. Un goût métallique dans la bouche. Le canon d’un revolver plaqué sur les lèvres. Une introduction coup de poing en guise de prélude. Hippolyte (Le maître de Ballantraë) adapte le polar urbain d’Hamid Jamaï : Dans la peau d’un Youv.
En fait de voyou, c’est plutôt l’histoire de mômes des cités qui, sous l’influence d’un jeune caïd avide de pouvoir, se glissent dans des costumes un peu trop grands pour eux, à l’image de ce baggy XXL que l'un d'eux ne quitte jamais. Les voici qui basculent dans le grand banditisme, sans raison, si ce n’est les tours grises, l’ennui qui guette, les potes qui tisent, la tentation du fric facile et, puis, cette culture, cette esthétique mi-gangsta mi-T. Montana. Se la jouer Scarface, tendance hip-hop plutôt que « french » connexion, avant que la virée nocturne de ces damnés du bitume ne tourne au cauchemar périphérique*. Avant, surtout, que les chiens de la mort ne les rattrapent.
Pour illustrer cette descente aux enfers, Hippolyte emprunte à Gipi son graphisme : même bichromie, mêmes aplats, ainsi qu'un trait alliant à l’expressivité des visages, la justesse des attitudes et des poses.
Un voyage au cœur des ténèbres, efficace et classique.
* En référence aux romans de Karim Madani, publiés chez le même éditeur.
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