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x enfant-star, Keito a arrêté l’école en primaire, le jour où, en pleine représentation, elle a perdu sa voix. Depuis, elle vit recluse dans sa chambre où sa mère lui apporte ses repas et est en butte aux moqueries de sa sœur cadette. Chaque sortie dans la rue lui coûte beaucoup, car, souvent, les passants la reconnaissent et murmurent sur son passage. Lors d’une de ses rares promenades, elle rencontre le directeur d’un institut pas comme les autres, El Liston, où les élèves sont libres de suivre les cours ou de s’adonner à leurs activités favorites. D’abord récalcitrante, Keito finit par se rendre dans cette « école active » et y fait la connaissance de Rei, Koîchi et Momiji. Elle retrouve même un ancien camarade de classe, Taiyô, dont le charme ne la laisse pas insensible. Pour la jeune fille, c’est le début d’une renaissance…
Hijime (brimades), hikkikomori (claustration dans sa chambre d’un individu en rupture avec la société), retombées au quotidien de la célébrité – même éphémère – pour les jeunes, abandon du cursus scolaire, voici les thèmes abordés par Yoko Kamio (Hana Yori Dango) dans Cat Street. Ces intéressants phénomènes de société et les conséquences qui en découlent sont traités avec pudeur et justesse par la mangaka qui évite d’en faire trop ou de sombrer dans le pathos. Bien au contraire, elle conserve, tout au long de ces deux premiers tomes, un ton mesuré qui permet de mieux apprécier toute la complexité des situations présentées.
Pour autant, le récit n’est nullement sombre et se veut plutôt positif, puisqu’il s’agit avant tout de permettre à l’héroïne de (re)trouver sa place et de reprendre confiance en elle pour rompre le cercle dans lequel elle s’est enfermée. L’humour est donc également de la partie, tout comme la romance, shôjo oblige. Mais, là encore, nul glissement dans la mièvrerie ou l’exagération, l’auteure préférant privilégier la retenue et le réalisme. Enfin, si l’histoire s’avère prenante, c’est aussi grâce à son rythme allant au train et à une galerie de personnages aussi exubérants qu’attachants. Ceux-ci synthétisent d’ailleurs bien la variété d’originaux qu’on peut rencontrer au Japon : Koîchi est un geek surdoué scotché à son ordinateur et Momiji une indécrottable lolita…
Côté graphisme, les lecteurs retrouvent le trait reconnaissable de Yoko Kamio, lequel accentue les regards, joue avec les trames, se focalise sur les émotions, ainsi qu’un découpage clair et lisible. Forcément, son dessin campe des jeunes hommes beaux et séduisants et des donzelles aussi délicieuses que timides. Cependant, malgré ces stéréotypes maintes fois vus, le charme opère et donne envie de poursuivre l’aventure Cat Street pour les trois prochains volumes que compte la série.
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