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La parenthèse La Parenthèse

25/06/2010 9686 visiteurs 6.7/10 (3 notes)

À 21 ans, Judith est régulièrement victime de malaises, dont elle ne semble jamais se rappeler. Les médecins diagnostiquent assez vite une épilepsie, une sorte de court-circuit provoqué par une petite étincelle qui vous déconnecte momentanément de la vie. Malgré un traitement adapté, les symptômes s’aggravent, les absences se multiplient et les crises gagnent en intensité. Au bout d’un certain temps, de scanner en IRM, les médecins finissent par déceler une petite tumeur cérébrale.

Avec La parenthèse, Elodie Durand raconte une histoire, la sienne, et emmène le lecteur dans les méandres d’une maladie neurologique peu connue. Au fil des pages, elle tente de reconstruire cette parenthèse de quatre ans, dont elle n’a que peu de souvenirs, mais dont les séquelles demeurent perceptibles. Des premières manifestations aux interventions médicales périlleuses, en passant par les consultations chez le neurologue, le lecteur accompagne Judith (l'alter ego de l'auteure dans le livre) tout au long de ce voyage à la fin incertaine. Un combat de longue haleine qui a pour fil rouge une mémoire de plus en plus défaillante. Des symptômes de l’oubli d’abord anodins, qui résultent finalement dans la perte de capacités que l’on croit souvent acquises ad vitam aeternam, tel l’alphabet ou son propre nom. Le passé s'écrit alors à l'encre transparente et le réveil s’effectue perdu en face d'une feuille blanche, sans aucune trace des moments vécus. Alors que derrière, les repères se font de plus en plus rares, et que devant, le futur est de plus en plus indécis, le quotidien est rythmé par la régression et la fatigue. Obligée de bâtir un avenir hypothétique sur du vide, elle s’accroche à des proches qui font office de mémoire, de soutien et de balise au sein d'un monde qui s'efface lentement et s’obscurcit, en attendant le retour de la lumière. Car, dès les premières planches, l’issue ne fait aucun doute, Judith va bel et bien s’en sortir.

À travers ce one-shot autobiographique, Elodie Durand tente de renouer les fils de sa mémoire. En rassemblant ses maigres souvenirs et en interrogeant ses proches, elle part à la recherche de ces images du passé qui prouvent que l’on a existé, tel cet album photo que l’on espère retrouver dans les cendres d’une vie partie en fumée. Si cette reconstitution des faits et cette envie de partager ont certainement des vertus thérapeutiques pour l’auteure, le témoignage qui en résulte s’avère touchant dans toute sa simplicité. Malgré la difficulté des épreuves endurées et le caractère émouvant de cette lutte contre l’adversité, le scénario ne se veut jamais larmoyant. La narration à plusieurs voix accroche immédiatement et accentue l’empathie envers cette jeune fille dont ont partage le désarroi et les confidences.

Les dessins sobres et épurés d’Elodie Durand accompagnent son histoire avec énormément de justesse et de sensibilité. Le fait d’intégrer des croquis réalisés pendant sa convalescence aux planches du récit, ajoute encore plus de force et d’émotion à ce graphisme tout en noir et blanc.

Une parenthèse qui mérite assurément d’être ouverte …

Par Y. Tilleuil
Moyenne des chroniqueurs
6.7

Informations sur l'album

La parenthèse

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Note: 3.7/5 (26 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 01/09/2020 à 15:30:32

    Ceci est une biographie d'un auteur qui a dû affronter une terrible maladie d'ordre neurologique alors qu'elle venait de rentrer à la faculté pour poursuivre des études. Soudain, toute sa vie a basculé dans l'enfer. C'est ce terrible combat qui nous est raconté de façon intimiste en rassemblant les faits et les impressions ainsi que le témoignages de ses parents pour relater ces années qui vont constituer la fameuse parenthèse.

    Il me semble clair que la majorité des lecteurs passera à côté comme prouve le fait que cette bd ne soit pas encore avisée. On n'aime pas s'intéresser particulièrement à la maladie car ce n'est pas positif et ce n'est pas ce que le lecteur recherche en terme de dépaysement. Par contre, cet ouvrage intéressera, outre ceux qui sont passés par là, l'entourage et les proches d'un malade. En l'occurrence, il s'agit de l'épilepsie.

    Cette BD s'est quand même vue attribuée quelques prix prestigieux dont le fauve d'Angoulême 2011 dans la catégorie "révélation". C'est en effet le premier ouvrage d'Elodie Durant qui a étudié l'école des arts décoratifs de Strasbourg en suivant les cours de Joseph Béhé.

    J'ai été particulièrement touché par ce témoignage qui ne joue pas la carte du sentimentalisme mais celui de décrire précisément ce que l'on ressent quand on oublie peu à peu, qu'on régresse totalement et qu'on perd la mémoire au point de ne plus savoir qui on est.

    Curieusement, il ne m'a pas fallu longtemps pour écouter toutes les confidences de cet auteur. Elle arrive tout de suite à nous faire basculer dans sa pensée avec une narration particulièrement efficace. On va vivre avec elle de douloureux moments entre la perte de l'esprit et de la raison. Il y aura une charge émotionnelle évidente pour peu qu'on veille l'accepter. Un très beau témoignage car au bout de tout cela, il y aura de l'espoir car on peut toujours vaincre la maladie...

    cedd79 Le 23/12/2013 à 11:08:28

    Je ne savais vraiment pas ce que j'allais découvrir lorsque j'ai ouvert "La parenthèse". Quelle agréable surprise !
    "La parenthèse" traite du difficile sujet de la maladie, lorsque celle-ci frappe du jour au lendemain, sans que l'on n'y soit préparer. Plus qu'une biographie, cette oeuvre est un témoignage, un journal intime graphique, juste et sensible.
    A découvrir !...

    yopla Le 17/03/2011 à 13:21:43

    Cette BD est une autobiographie, elle s'interrese a une époque ou l'auteur est malade.
    Elle nous explique donc sa maladie mais pas seulement, son récit regorge de petits moments précieux ou absurdes, de reflexions aussi.
    Je pense que cette BD peut aider des entourages à soutenir leurs proches malades et rien que pour ça, elle mérite amplement le détour.
    D'ailleurs en donner un avis est forcément difficile car je ne veux pas spoiler et d'unautre coté, c'est dur d'en donner toute la dimension sans le faire .
    En tous cas c'est la première fois que j'achete une BD primée à angoulème et je ne regrette pas mon achat, vraiment une BD à découvrir.