B
runo s’ennuie dans sa petite vie de couple bien rangée. Pourtant, son existence, aussi morne soit-elle, ressemble à des millions d’autres : des beaux-parents un peu envahissants, un boulot qui ne le passionne plus guère, un désir envers son épouse qui s’essouffle… Crise de la quarantaine ? Profonde remise en question ? Bruno s’enfonce dans son marasme jusqu’à l’apparition de Béatrice dont il tombe éperdument amoureux. Elle devient son égérie, sa muse, sa seule raison de (sur)vivre, jusqu’à abandonner sa famille et la laisser dans l’incompréhension la plus totale.
Un quadragénaire face à ses doutes, prêt à balayer du revers de la main ce qu’il a construit pour retrouver ses rêves de jeunesse, voilà un sujet qui n’est pas très original. Heureusement, la façon dont Christophe Lemoine l’aborde dans Satori en province, l’est beaucoup plus. À commencer par le titre de l’ouvrage, énigmatique, mais aussi par une galerie de personnages plutôt réussis, du dentiste libidineux au beau-papa bricoleur. Mais ce qui retient surtout l’attention, ce sont les mises en situation de Jack Kerouac et Dante Alighieri, dont les œuvres majeures, Sur la route pour le premier et La Divine Comédie pour le second, illustrent le propos avec pertinence et surtout avec humour. Un humour parfois noir, grinçant aussi, qui offre un moment de lecture très plaisant, aidé en cela par un dessin agréable, proche de la caricature.
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