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ylvie, Jean-Marc, Ludivine… Tous ont la trentaine et sont à la recherche du grand amour. Et pour parvenir à leurs fins, tous les moyens sont bons : petits mensonges, photo plus ou moins ressemblante sur un site de rencontre, trahisons entre amis, j’en passe et des meilleures.
À travers une série de courts récits, Jean-Luc Cornette nous emmène à la découverte du monde actuel, donnant à cette réalité qui est la nôtre et qui fait notre quotidien, un aspect fantasque et presque délirant. Passé maître dans l’art de mêler réalisme et fantaisie dans une même histoire, ce scénariste au style pour le moins particulier parvient une nouvelle fois à mettre en scène des gens normaux, des monsieur-et-madame-tout-le-monde, en leur conférant un petit quelque chose d’attachant, d’émouvant dans leurs déconvenues et de réjouissant dans leurs petites victoires. Le propos, servi par des dialogues d’une grande justesse, possède une note certes futile, mais ô combien délectable.
De toute évidence, ces petites saynètes ne s’adressent pas aux lecteurs à la recherche d’une histoire parfaitement construite. L’intérêt réside ici, non pas dans un propos qui toucherait au sensationnel, mais dans une atmosphère parfaitement posée, faite de personnages qui ne manquent pas de susciter la sympathie. De ce point de vue, le trait délicat de Maud Millecamps, jeune dessinatrice dont Les gens urbains est le premier album, joue un rôle essentiel. Accompagné d’une mise en couleurs lumineuse mais tout en finesse, ce dessin épuré crée la même impression que le scénario qu’il illustre si bien : un juste équilibre entre réalisme et imaginaire, apportant au quotidien décrit dans ces quelques pages ce brin de folie qui, distillé avec parcimonie, permet de s’évader, de ne pas considérer le monde qui s’offre à nous comme un simple avatar du nôtre, mais comme un microcosme à part entière.
Léger et amusant, le recueil de petites histoires proposé par les deux auteurs remplit merveilleusement son office, offrant un plaisir de lecture tel que les habitués de l’œuvre de Jean-Luc Cornette peuvent s’y attendre. Avec, en prime, la découverte d’une dessinatrice de grand talent.
Les gens urbains sont-ils tous détestables au plus haut point ? Il y a là toute la mesquinerie humaine sous le couvert de la séduction. Je ne sais pas si cela se voulait drôle mais je n'ai pas franchement apprécié les aventures superficielles et les déboires sentimentaux de ces citadins ordinaires. Le trait, la colorisation, les décors urbains sont quant à eux plutôt réussis.
Les auteurs voulaient-ils déliberemment une oeuvre moderne et cynique à la fois ? Je ne sais pas et je dois bien avouer que je m'en fiche un peu. Ce n'est pas mon genre. Je pense d'ailleurs que cela ne doit pas être le genre de la majorité des lecteurs à moins de baigner dans un tel milieu nombriliste où la gougaterie règne en maître absolu. On passera son chemin sans équivoque possible.