L
’action se situe dans un département de la petite couronne, plus précisément dans une ville présentée comme outsider pour jouer dans la cour du 9-3, celle-là même qui a vu la naissance du groupe de rap 113 - hommage à un numéro de rue qui, comme le 118 de la même commune, véhicule son lot de mythes et de réalités. Ça débute au pied des tours. Quatre jeunes du quartier ne donnant ni dans l’angélisme, ni dans la grande délinquance, sont mêlés bien malgré eux à une affaire politique. Une course-poursuite s’engage.
L’impression qui prédomine à la lecture de Ghetto poursuite, concentré de faits divers à peine remaniés (émeutes de 2005, accident d’Epinay-sur-Seine entre un scooter et une voiture de police, visite de ministre…), est que ce récit manque de personnalité. Malgré un Walter Javier Taborda assez à son affaire pour illustrer la poursuite automobile au cœur de l’histoire, le support « bande dessinée » reste peu adapté pour retranscrire les sensations de ce type, le case par case ayant un véritable effet castrateur en la matière. Servant de liant entre les "faits d'armes" égrenés comme autant de passages obligés, cette course folle dans les cités ne brille guère par son originalité - pas plus que l'intrigue politique en toile de fond. Les ficelles sont grosses, la surenchère et la caricature jamais bien loin.
C’est dommage, parce que le démarrage qui s’immisçait doucement dans la vie de la cité était prometteur, d’autant que la présence de Rim’k du 113 aux côtés de Régis Hautière pour la conception du scénario laissait espérer un apport « terrain ». Ce regard « de l’intérieur » n’apportera cependant pas la plus-value attendue. Ghetto poursuite ne surprend pas et se cantonne à reproduire des poncifs sans grande imagination.
Malgré un scénario de Régis Hautière associé à un rappeur pour l'occasion, cette bd ne m'a pas convaincu. Non pas qu'elle soit intrinsèquement mauvaise, loin de là ! C'est juste l'impression que me laisse un scénario assez convenu. En effet, il s'agit une course-poursuite dans les rues de Paris sur fond de bavure policière ayant entraîné des émeutes nationales. Cela rappelle quelque chose, c'est certain !
Cela se voulait drôle et percutant. Cela reste sans saveur particulière. Tout juste un peu trop de naïveté ! Il y avait pourtant de quoi brosser une chronique sociale intéressante au lieu de s'engouffrer dans une espèce de série de feuilleton français où l'on dénonce les magouilles politiques. Banal, sans plus !