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S i Hiroshi Hirata est surtout connu en France pour ses œuvres de gekiga (L’âme du Kyodo, Satsuma, l’honneur des samouraïs ou la Force des humbles), sa longue bibliographie comporte bien d’autres récits aux thèmes tout à fait différents. En 1990, il signe son autobiographie qui paraît dans Young Magazine pendant quelques semaines. En une trentaine de saynètes de quatre planches chacune, il livre ses réflexions sur la vie, la sienne, celle de ses proches mais aussi celle avec un grand « V », dans une démarche se voulant parfois philosophique. Ma voie de Père est un recueil de l'ensemble de ces publications.

Avant d’être un auteur reconnu, Hiroshi Hirata est un homme… Une phrase d’une banalité déconcertante mais qui peut, en partie, expliquer ses motivations quand il a décidé d’accepter la commande du magazine nippon, il y a vingt ans. En 1987, il avait quitté Tokyo pour Izu. Un changement de cap, déjà. Une remise en question, peut-être. Le besoin de faire une pause et de se retourner pour voir le chemin parcouru, assurément. À l’époque, il avait déjà plus de trente années de carrière derrière lui en tant que dessinateur, mais aussi en tant qu’électro-mécanicien, une épouse et cinq enfants.

Une existence bien remplie, s’il en est. De quoi livrer quelques considérations sur le monde, la nature, l’univers, décomposer les mots, analyser les idéogrammes pour tenter de percer les mystères. Hiroshi Hirata n’épargne pas le lecteur, lui demande une attention de chaque instant, afin de ne pas trop s’éloigner du cheminement de sa pensée, parfois décousu. Lui n’est pas épargné par sa femme, « Maman », qui a su au fil du temps trouver sa place auprès d’un mari trop autoritaire. Elle agrémente les saynètes de quelques phrases, souvent amusantes. Hirata évoque également son rôle de père, le difficile équilibre entre sévérité et douceur, la volonté permanente de transmettre les valeurs qu’il juge essentielles à l’épanouissement de sa progéniture.

L’auteur mêle humour et gravité dans un style graphique qui oscille également entre réalisme et caricature. Ce va-et-vient permanent peut déconcerter, mais il permet de ne pas alourdir un ouvrage qui se veut avant tout didactique avant d’être intellectuel. La seconde partie de Ma voie de père s’avère, en revanche, moins enthousiasmante. Les digressions relatives à la guerre en Irak et aux attentats terroristes de septembre 2001, et surtout au rôle tenu par le Japon dans ces deux événements, ne sont pas inintéressantes, sans apporter toutefois de valeur ajoutée au récit. Quant à On étouffe, une histoire humoristique parue en 1971, et à quelques mangas comiques créés en 1966, ils ne passionneront sans aucun doute que les fans de l’auteur, ce dernier préférant d’ailleurs se tourner vers un autre genre qui a désormais fait son succès.

Néanmoins, la première moitié vaut à elle seule le détour. Sans concession, souvent brutes de décoffrage, les réflexions d’Hiroshi Hirata touchent par leur justesse, même si leur limpidité n’est pas toujours évidente. La voie de la sagesse est sans doute à ce prix…

Par L. Gianati
Moyenne des chroniqueurs
7.0

Informations sur l'album

Ma voie de père

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    Erik67 Le 03/09/2021 à 11:42:59

    J’avais plutôt bien aimé les précédentes œuvres de l’auteur qui nous faisait plonger dans le Japon médiéval quand il y avait un code de l’honneur chez les samouraïs. On s’apercevait que l’auteur avait de bons principes et s’y tenait dans une certaine forme de rigidité morale qui force le respect.

    En l’espèce, j’ai beaucoup moins apprécié malgré le fait que j’ai trouvé la démarche plutôt courageuse à savoir de faire une autobiographie moderne et donc de rompre avec son style habituel. L’auteur se décrit dans la vie de tous les jours. Il se montre sous un côté plutôt sympathique qui rompt totalement avec l’image qu’on se faisait de lui en instaurant une relation de proximité avec le lecteur. C’est presque trop familier à mon goût avec les commentaires de ce que pense mémère.

    Et puis, il y a ce côté beaucoup trop moralisateur que je n’ai pas vraiment apprécié. Et surtout, cette rouste qu’il donne à son fils pour lui faire comprendre certaines choses censées. Je ne suis pas adepte de cette méthode dure qu’il nous propose de suivre dans la voie du père. Je me fais sans doute une autre idée de ce que doit être la paternité…

    Pour toutes ces raisons idéologiques et philosophiques, je n’accorderais pas plus de 2 étoiles à cette œuvre.