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Nuit Safran, baronnie de Troy, tournois et joutes ont cours dans le cadre des festivités de la Safran, la nuit de l'aurore boréale. Libellule et Bourdon, les enfants du Baron, s'affrontent pour la plus grande joie du public. Mais c'est le drame, à l'issue de voltiges en dragon, Bourdon se retrouve au sol, écrasé par sa monture. Il perd le peu d'esprit qu'il possédait : l'avenir de l'héritier du royaume est désormais compromis. Aouta, le frère cadet, conspire pour récupérer le trône et le vendre aux Roq Blême, les ennemis de Nuit Safran. Il va jusqu'à empoisonner son père pour arriver à ses fins. Mais sa sœur est bien décidée à le démasquer. Une lutte de pouvoir s'engage entre les descendants et les fantômes des ancêtres se mêlent à la partie : un joli bazar en perspective !
Un album de Troy de plus pour Arleston qui n'en finit pas de multiplier les séries parallèles d'un univers le permettant aisément. Assisté par Melanÿn au scénario comme pour toutes les légendes de Troy, il plonge Hérenguel dans une histoire assez classique de lutte de pouvoir au sein d'une famille où la haine et la rancœur font bon ménage. La magie, élément fondateur de l'univers, reste en marge une bonne partie de l'album avant d'être timidement introduite pour permettre l'arrivée des aïeuls revenants destinés à égayer le récit. La loufoquerie habituelle, souvent salvatrice, est ici bien terne voire quasiment absente. Les légendaires jeux de mots chers à Arleston sont bien présents mais ne suffisent pas. Le ton hésite entre humour potache et aventure épique et politique. L'ambiance qui en résulte est confuse et en demi-teinte : ni envie de rire ni de s'extasier pour l'aventure. Quelle aventure d'ailleurs ? La poursuite d'un parchemin au travers d'un plancher ? Le huis clos dans le château tourne rapidement au vaudeville sans réel ressort.
Le graphisme de Hérenguel aurait pu transcender ce récit un peu morne, s'il avait été au niveau de celui de Lune d’argent sur Providence. Malheureusement, malgré quelques scènes joliment orchestrées, le trait oscille entre réalisme et caricature. A l'image du scénariste, le dessinateur semble ne pas savoir où se situer pour trouver le ton juste. Il en résulte une impression d'approximation désagréable. Les couleurs sont souvent fades ou, à l'opposé, trop criardes. Les décors en viennent parfois à disparaître, l'ensemble de devenir un peu irréel, tant les personnages paraissent flotter au milieu de nulle part. Si l'effet n'est pas déroutant lors d'un combat à dos de dragon, il l'est plus à d'autres moments. Un flou artistique qui manque singulièrement d'épice.
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