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ien ne semble pouvoir endiguer la vague de crimes qui déferle sur la ville de Chicago. Alors que les forces de l’ordre sont totalement impuissantes face aux super-criminels dirigés par un certain Overlord, le lieutenant Frank Darling fait la découverte, au milieu d’un champ enflammé, d’une étrange créature humanoïde à la peau verte. Frappé d’amnésie et baptisé « Dragon », l’individu verdâtre se lie d’amitié avec le policier qui vient de le recueillir et finit par accepter d’intégrer les troupes du commissariat de Chicago. Doté de capacités physiques hors norme, il fait vite souffler un nouveau vent de justice sur la ville … au grand dam du syndicat du crime.
Créé par Erik Larsen lors de la naissance d’Image Comics en 1992, Savage Dragon est, tout comme Spawn, l’une des seules sagas originelles de l’éditeur à encore être éditée de nos jours. Après quelques épisodes publiés par Semic, c’est Delcourt qui entreprend la publication intégrale de cette série fleuve au sein de sa collection Contrebande. Outre le début des aventures de Savage Dragon, ce premier volet dévoile également les origines du héros (un épisode 0 datant de 2002) et reprend la mini-série Blood and Guts de Jason Pearson (Body Bags), le tout réorganisé de manière chronologique.
Le fait de débuter par les origines du personnage, avant son arrivé sur Terre, permet non seulement de découvrir un héros au caractère totalement différent, voire haïssable, mais permet également de lire la suite sous un autre regard, en se demandant constamment ce qui arriverait s’il recouvrait soudainement la mémoire. Passé cette préquelle prometteuse et la mise en place efficace de ce colosse amnésique, l’auteur a cependant tendance à sombrer dans l’action lourdingue et les dialogues niais. S'il parvient certes à livrer une approche parodique et parfois amusante du genre, cette accumulation de bastonnade décérébrée manque tout de même cruellement de finesse. En tentant de développer un semblant d’intrigue en fin d’album, l’aventure en solo de Jason Pearson redresse quelque peu la barre, mais sans jamais atteindre de véritables sommets.
Au niveau du graphisme, Erik Larsen enchaîne les scènes musclées dans un style très reconnaissable. Outre le physique peu commode de sa créature hulkienne surmontée d’une curieuse crête, l’auteur propose un festival d’adversaires flamboyants aux trognes improbables et aux biceps déconcertants. Si le respect de l’ordre chronologique présente des avantages, il nuit toutefois légèrement à l’uniformité graphique de l’ensemble et entraîne un morcèlement parfois perturbant de l’histoire.
Une première intégrale portée sur l’action, dont le côté « second degré » saura ravir ceux qui parviendront à passer outre le manque de profondeur des récits.
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