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ony Tzarom est un gitan, un vrai, roublard comme il se doit mais droit dans ses bottes. Et il sait ce qu’il a à faire pour protéger sa petite famille, même si ça implique de trafiquer à gauche à droite et de courir quelques risques. Il faut dire qu’il n’a pas son pareil pour prendre les choses avec philosophie, comme l’apprendra bien vite le jeune avocat commis d’office qui a la lourde tâche d’assurer la défense de l’épouse de Tony, celle-là même qui apparaît l’arme au poing sur de trop nombreuses caméras de surveillance.
De la SF à la mode gitane, pourquoi pas, il fallait y penser. Non pas que l’idée soit entièrement neuve, Christin et Mézières ayant déjà donné un excellent rôle aux gens du voyage dans l’une des aventures de Valérian, à savoir Bienvenue sur Afflolol. Le ton y était toutefois très sérieux, malgré les facéties du Goumon de Laureline et l’humour habituel dont est saupoudrée la série, tandis que, pour L’honneur des Tzarom, c’est la plaisanterie qui est de mise. Wilfrid Lupano ayant fait ses preuves dans ce registre, notamment avec le surprenant Célestin-Gobe-la-Lune, le résultat promettait de valoir le détour. Au-delà d’un dynamisme apparent, et du réel talent du scénariste pour écrire des textes et des dialogues qui sonnent juste, chose plutôt rare en bande dessinée, une légère déception se profile toutefois en fin d’album. En effet, l’originalité de la démarche des auteurs ne trouve pas d’écho dans un scénario finalement très convenu, d’autant plus que l’univers n’est présenté que de façon fort succincte, sans qu’on en apprenne davantage sur les parties en présence. Peut-être n’est-ce que partie remise.
L'approche est tout autre, et le récit démarre sur les chapeaux de roue avec un cocktail humour-action qui repose avant tout sur des personnages truculents. De ce point de vue, la réussite est au rendez-vous. Il faut dire que l’album est porté par le dessin de Paul Cauuet, qui donne immédiatement le ton : il n’est pas virtuose, loin s’en faut, mais il est vivant et haut en couleurs. Les cases regorgent de détails amusants, la mise en scène est soignée, le mouvement bien rendu… et les couleurs, bien que probablement trop lumineuses au goût de certains, ont le mérite de donner une identité visuelle à la série. Le seul regret, à ce niveau, est une couverture peu élégante qui, loin de remplir son office, n’attire pas facilement le chaland.
Se présentant comme une curiosité dans la production actuelle, L’honneur des Tzarom commence plutôt bien et confirme la capacité de Wilfrid Lupano à écrire des albums au ton particulier. Il est toutefois à espérer que l’intrigue gagne en épaisseur par la suite.
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