Arctica 3. Le Passager de la Préhistoire

D akota, baroudeur indépendant mais qui ne rechigne pas à faire des piges pour l'État si une menace plane sur l'ordre écologique, croit disposer d'un moment de répit pour conduire l'expédition sous-marine suggérée par une pré-ado surgie de nulle part. Accompagnés de Mifa, ex-convoyeuse d'eau potable qui avait découvert la fillette, ils se retrouvent vite pourchassés par une meute de mercenaires et d'agents secrets. Sur la mer, dans les airs ou sur terre, la course-poursuite, pour tenter de savoir qui est la gosse aux cheveux bleus et de découvrir les secrets qu'elle livre chemin faisant, continue de plus belle.

Oublié, ou a minima mis rejeté à l'arrière-plan, l'alibi écolo des débuts qui consistait à mettre en avant la rareté de l'eau, devenue une denrée précieuse et convoitée par tous les moyens. La grotte sous-marine préservée de l'intrusion de la main de l'homme est elle aussi derrière les protagonistes, Le passager de la préhistoire se concentre sur l'action et pousse les curseurs du genre un peu plus loin que précédemment. Plus de tôle froissée de ces engins aux designs de demain, qui s'accompagne de plus d'explosions. Plus de groupes armés qui filent le train de Dakota, Mifa et petite « ressuscitée sous x », ce qui donne lieu à plus d'échange de coups de feu et de gnons, tout en multipliant les ramifications au sein des organes officiels ou non intéressés par leur sort. Au point d'anticiper une bonne séquence d'explication à venir pour démêler la pelote. Plus de filles dénudées également, mais à quoi bon s'attarder à trouver une justification à leur présence. Plus, plus, plus donc.

Logiquement, passé un flashback qui permet d'ajouter une brique dotée d'un calot de chirurgien à l'édifice du passé de Dakota, il reste moins de place, - voire très peu de place – pour lever le voile sur l'identité de la jeunette âgée de 10.000 ans, de son aïeul et du rôle qu'ils peuvent jouer dans le destin de la planète bleue. De bleu en revanche, il n'y en a pas moins. Il faut dire qu'avec Pierre Schelle à la palette pour accompagner un scénario de Daniel Pecqueur, le lecteur s'attend à sa ration de cette teinte accompagnée d'une bonne dose de jaune en contrepoids. L'empreinte du coloriste est telle qu'elle dispute le devant de la scène au trait, plutôt que de se contenter de le mettre en valeur comme le ferait une rythmique dépourvue d'ambition de soliste. Le dessin a du punch et ne mégote pas sur les détails en ce qui concerne les architectures et les belles mécaniques, même si celles-ci sont plus convaincantes lorsqu'elles sont immobiles qu'en mouvement ou bien encore prises dans des collisions fatales.

Amateurs d'allégories, de chroniques sociales ou d'œuvres avant-gardistes, passez bien évidemment votre chemin.Ici, c'est Série B pur jus. Pour trois personnes jeunes et bien portantes : sur un lit de glace, un trait de mystère tiré à la source des racines de Dame nature, une dose de fantastique et de high tech, un doigt de bimbos, quelques fruits exotiques qui font voir du pays au lecteur, quatre secousses de shaker pour accompagner un court commentaire, un petit parapluie écolo pour la déco et servez sans – trop - faire attendre le client. A consommer les doigts de pied en éventail et l'esprit dégagé.