S
i les Yamada appartenaient à un jeu des sept familles, il ne manquerait que le grand-père. A moins que celui-ci ne soit remplacé, avantageusement ou pas, c’est selon, par Pochi, le chien. Déclinées en Yonkoma (histoires en quatre cases), les aventures quotidiennes de cette petite tribu nippone, parues initialement dans l’Asahi Shimbun, sont recueillies dans trois gros volumes de la collection Shampooing des éditions Delcourt, le deuxième couvrant la période 1993-1995.
Un tel format n’est sans doute pas la façon idéale de découvrir l’univers folklorique des Yamada, sauf à se contraindre à n’ouvrir l’ouvrage que de temps en temps, de façon à respecter au mieux sa publication originale. Car les membres de cette pétillante famille ne deviennent pas attachants du jour au lendemain, le comique de répétition tardant parfois à faire son œuvre. La pingrerie de Matsuko et son inénarrable rituel de la préparation du repas, les tentatives de sevrage de Takashi face au démon du Pachinko ou les essais avortés de Noburo de dépasser enfin les 33/100 en mathématiques ne s’apprécient pas au premier strip. D’autant que, pour les non-initiés de la culture japonaise, de nombreux gags tomberont à plat.
Ces quelques barrières franchies, voir évoluer les personnages de Hisaichi Ishii devient un véritable plaisir. L’auteur parvient à intégrer dans ses planches quelques faits de société et à traiter avec légèreté des événements dramatiques qui ont secoué le pays en 1995, notamment l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo et le tremblement de terre de Kōbe. Même si toutes les saynètes ne font pas hurler de rire, il est difficile de rester indifférent à la douce folie qui se dégage de chacune d’entre elles.
A condition de posséder quelques atomes crochus avec le Pays du Soleil Levant et de freiner ses ardeurs de lecteur boulimique désirant engloutir l’album d’un seul coup de baguettes, Mes voisins les Yamada est l’ouvrage typique que l’on consulte, de temps à autre, en ayant l’assurance de passer un agréable moment.
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