C
harlie la souris, dans sa maison haut perchée, se perdait dans ses pensées. La musique et l'écriture occupaient toute sa vie, loin des autres, et même de sa famille. Un jour, sa solitude fut troublée : événements sans suite, sans lien, aussi disparates que l'organisation d'un carnaval et l'apparition d'un petit oiseau. Suffisant pour briser la boucle d'une vie, et ne plus revenir sans cesse à la case départ ?
Boucles et cases, tel se construit Bulles et nacelle. Prolongement du fond dans la forme, l'opposition entre cases rectilignes et illustrations aux formes arrondies rappelle le paradoxe d'une vie : fuir, partir, voyager, en réalité ou en rêve, pour revenir à son point d'origine. Comme enfermé. Est-ce à dire que rien ne change, que toute évasion est inutile ? Non, répondrait Charlie, car plus que la destination, c'est le chemin parcouru qui compte. Et les personnes que l'on rencontre, qui peuvent mettre sur la voie, donner un souffle, une impulsion. Ou un mot, un geste, une présence silencieuse, un éclairage nouveau sur une existence.
Silence, solitude, thèmes récurrents d'une histoire aux accents mélancoliques. Talent formidable d'un auteur, celui de suggérer sans rien dire, de livrer un sentiment, une émotion, par la force d'un trait, d'une tonalité, d'une composition, d'une musique. Musicalité de mots simples qui accompagnent, donnent la main, mais musicalité du dessin, aussi, de notes qui s'égrènent, s'élèvent, virevoltent... Souvenir de Betty Blues, quand tu nous tiens...
Lentement, tout doucement, Renaud Dillies raconte. Et le public écoute, émerveillé par un dessin somptueux et un récit d'une exquise douceur. L'art du conteur, porté à cet état de grâce, tient de la magie.
Découvrez la PREVIEW de Bulles & nacelle
Après avoir lu l'excellent Abélard, qui m'avait frappé de plein fouet, j'ai décidé d'essayer d'autres BD de Renaud Dillies. (Quoique c'était Régis Hautière qui était au scénario d'Abélard.)
Celle-ci est tout simplement décevante. C'est un conte sur la solitude, c'est tout. Quelques belles phrases ici et là, et des dessins assez mignons, comme on peut se l'imaginer. Mais franchement, il ne se passe rien.
J'ai l'habitude de bien noter les séries de Renaud Dillies que j'aime généralement franchement bien. Or ici, cela n'a pas été l'extase faute à un scénario trop simple et sans véritables péripéties.
Cela reste dans l'ensemble trop naïf, voir carrément mignon en mode trognon. Bien sûr, j'ai été séduit par certains passages très poétiques notamment à la page 53. C'est beau et contemplatif à la fois.
Cela ne sera sans doute pas assez pour séduire véritablement le lecteur que je suis. Le thème de la solitude n'est pas exploité dans le bon sens du terme à mon humble avis. On aurait aimé par exemple que cette petite souris trouve son âme soeur mais ce n'est visiblement pas le but de sa quête. Il manque un peu l'émotion qui existe à plus forte dose dans les autres oeuvres de Dillies. L'approfondissement des sentiments n'aura pas lieu cette fois-ci.
Un conte trés joli, trés bien dessiné mais aprés, il faut rentrer dedans, être envouté et cela fut dur...