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xclus de leur lycée, Anna et Joshuah rentrent chez eux après s’être donné rendez-vous en ville le lendemain. Mais à peine arrivée à la maison, la jeune fille est envoyée par son frère auprès des animateurs de Cool ton look en vue d’un traitement de choc et en direct pour devenir « in ». Le jour suivant, alors qu’il l’attend, Joshuah est soudain embarqué par les flics qui le conduisent directement devant un tribunal. Jugé à la hâte, il est condamné à un an de prison pour avoir joué de la musique non conforme aux canons en place. Confrontés, l’un aux matons abrutis et aux taulards peu amènes, l’autre au relookage et au lavage de cerveau, les deux ados rebelles cherchent chacun de leur côté un moyen d’échapper à leur calvaire.
Provocateur, ce deuxième tome de Debaser s’inscrit dans la lignée du précédent. A travers l’enfermement de ces héros, l’auteur y dénonce un système de pensée et de culture uniques visant à décérébrer la population. Même les plus intelligents s’y laissent prendre, comme Anna en fait l’amère expérience au squat des « raconteurs ». Cafardages mesquins, culte du paraître et de l’argent, étroitesse d’esprit et lobotomie programmée, toutes les bassesses et facilités de notre société consumériste passent à la moulinette acérée et corrosive de Raf. Son univers de strass et paillettes, cauchemardesque et grossi, a trop d’accents de vérité pour que le lecteur n’en remarque pas la justesse actuelle. Autre élément montré du doigt : l’enfer des prisons façonné et entretenu par une perpétuelle insécurité créée par les geôliers eux-mêmes mais que la peur et la solitude exacerbent encore. Le tout suit le déroulement d’une action trépidante qui ne connaît guère de temps mort. Le récit est servi par un dessin à l'esthétique underground, dynamique et nerveuse, qui taille les personnages à la serpe.
Aussi partisane qu'elle puisse paraître, voici une série qui invite à réfléchir.
>>> Lire la chronique du tome 1 de Debaser
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