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rauven, la cinquantaine, est cheminot et aime bien sa petite vie tranquille. Bollard, de la même génération, est un dur en cavale. Blessé, il se réfugie dans un wagon le long de la voie ferrée. Une poignée de main, un regard, Trauven décide d’aider Bollard. En un instant, une amitié de trente ans se crée. Quand les affreux qui ont collé un meurtre sur le dos de Bollard s’en prennent à la fille de Trauven, ça les met en rogne. Quand ces mêmes affreux se révèlent être des ripoux, il y a matière à se mettre - vraiment - en colère.
Mathias Mercier a conçu une histoire des plus intéressantes. Dans la pure tradition des polars des années cinquante, il met en scène une série de personnages - de trognes plutôt – mémorables. Trauven, le machiniste ancien résistant, Bollard, le monte-en-l'air à l’ancienne, Pavel le fidèle second, La Tige, le sinistre Colonel, constituent une vraie distribution que n'aurait pas reniée Georges Lautner ou Léo Malet. L’inspiration est claire, mais le scénariste évite heureusement l’hommage facile ou le pastiche. Sur ces archétypes classiques, il a construit une intrigue très bien ficelée avec des personnages à la psychologie fouillée. Tous les petits détails des personnalités de chacun sont judicieusement utilisés au cours du récit. Seule la dernière partie, un peu trop à rallonge, a tendance à rompre le rythme du périple des deux héros. Malgré cela, Mercier, dont Colères est le premier scénario, démontre une grande habileté. Les répliques et les automatiques claquent et les rebondissements s’enchaînent parfaitement au fil des pages.
Au pinceau et à la couleur, Paul Filippi, dont c’est également le premier album, s’en sort plus que bien. Son style tout flageolant donne au récit une atmosphère un je-ne-sais-quoi rétro tout à fait adapté avec l’époque dans laquelle se déroule cette histoire. Le découpage, très sobre, manque peut-être parfois de variété, mais s'accorde parfaitement avec le classicisme du récit.
Amateur de polars réjouissez-vous, Colères ne dépareillera pas dans votre bibliothèque entre le Choucas de Lax et le Privé à la Cambrousse de Bruno Heitz. Essai réussi pour ces nouveaux venus dans le monde de la BD.
Les auteurs livrent en l'espèce leur première bande dessinée. Je respecte le travail qu'ils ont accompli. Pour ma part, je n'ai pas trop aimé ce polar à la française qui est dans la lignée des vieux films des années 60 avec Lino Ventura. Cela sera plutôt réservé aux nostalgiques de cette époque.
Je trouve le dessin beaucoup trop approximatif. Ce visuel n'invite pas le lecteur à rentrer dans cette histoire de course-poursuite. C'est plutôt un lourd handicap pour commencer. On est loin du réalisme graphique qui m'est cher.
L'action se déroule en 1965. Il est question d'un cheminot mélancolique et ancien résistant qui va aider un truand en cavale à échapper à des poursuivants. L'affaire va se révéler complexe sur fond politico-criminel. J'ai vite décroché par manque d'intérêt. Cela ne devait pourtant pas être aussi médiocre que cela. Il y a des bd comme cela où on passe au travers.