A
nne Nivat, journaliste honorée par le prix Albert Londres, appartient à la catégorie "grand reporter". Après avoir été pendant dix ans la correspondante à Moscou pour divers organes de presse, elle a couvert la guerre en Tchétchénie, en Algérie et en Afghanistan. A l’heure de l’information paillette et des pseudo-stars du 20 heures, elle se concentre sur ce qui est la base de son métier : le témoignage. Un journaliste se doit de raconter les faits avec la plus grande objectivité et le moins de jugement possible. Une approche difficile, qui demande un énorme investissement personnel parfois lourd à porter.
Daphné Collignon (Le rêve de pierre, Cœlacanthes) entreprend de dresser le portrait d’Anne Nivat. Le personnage est complexe. Passer des zones les plus dangereuses de la planète à un quotidien « normal » ne se fait pas sans quelques dommages. Comment faire pour expliquer ce petit bout de femme à l’éthique exemplaire ? Daphné Collignon a choisi l’esquisse, les petites touches en variant les genres et les styles. Cahier de croquis et notes manuscrites, entretiens dessinés, extraits de livres et photographies plus ou moins retravaillées se succèdent pour décrypter ce personnage. La juxtaposition de tous ces genres déroute quelque peu, l’auteure ne semble pas avoir voulu se résoudre à choisir une direction pour traiter son sujet. L’ouvrage s’ouvre sur des carnets de terrain - très bien composés - mêlant des croquis rapides au trait léger et des notes « personnelles » manuscrites qui soulignent les interrogations de la dessinatrice sur la voie à suivre pour ce projet. Tout au long de l’album cette situation semblent perdurer. Les sections et les informations se suivent dans une volonté apliquée de ne rien oublier sans qu'aucun fil conducteur narratif soit clairement établi.
Correspondante de Guerre, album publié en association avec Reporters sans frontières (une partie du revenu des ventes est versée à l’association), est malgré ces réserves, une bande-dessinée intéressante. Il met en avant une femme passionnée et passionnante, auteure de plusieurs livres remarqués (Chienne de guerre, Algérienne, Bagdad zone rouge) qui méritent d'être découverts.
Cet ouvrage raconte l'histoire d'une célèbre correspondante de guerre à savoir Anne Nivat. Il a été réalisé en collaboration avec Reporters sans Frontières. Une partie du revenu des ventes reviendra à l'association visant à défendre la liberté de la presse dans le monde. Bref, que des choses très louables.
Pour autant, j'avais envie de découvrir une facette du grand journalisme: ceux qui vont sur le front, ceux qui partent dans des zones du monde très dangereuses. Oui, je voulais ressentir cette émotion. Or, c'est désespérément plat.
C'est beaucoup trop axé sur la personnalité même d'Anne Nivat avec quelques anecdotes croustillantes plutôt que sur le monde extérieur ce qui m'aurait beaucoup plus intéressé. Oui, il y a quelques trucs qui décrivent ce que doit être un bon journaliste c'est à dire à l'écoute des autres sans préjugés. A part cela, on n'apprendra pas grand chose. C'est un peu dommage d'autant que la narration était plutôt fluide et que la construction graphique paraissait originale, presque à la manière d'un vrai documentaire.