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Ikigami - Préavis de mort 1. Aux confins de la vengeance - La chanson oubliée

26/03/2009 10175 visiteurs 6.5/10 (2 notes)

C ’est "pour la prospérité nationale" que les enfants se font vacciner en entrant à l’école primaire. Si la plupart des seringues ont pour but d’immuniser contre des maladies infectieuses, certaines contiennent une microcapsule qui entrainera le décès de son hôte à une heure et un jour fixés à l’avance par l’Etat. C’est de manière totalement aléatoire qu’un enfant sur mille est ainsi destiné à mourir entre 18 et 24 ans. Fujimoto est un des fonctionnaires chargés de délivrer l'Ikigami, un préavis de mort qui annonce aux victimes de cette roulette russe à grande échelle, qu’il ne leur reste plus que vingt-quatre heures à vivre. Tous ne prennent cependant pas cette nouvelle de la même manière …

Après avoir signé la mise en image de Heads, un thriller psychologique haletant, c’est en solo que Motorô Mase livre un seinen d’anticipation dont le concept de départ fait froid dans le dos. C’est en suivant la formation du jeune Fujimoto, que le lecteur découvre les rouages de cette société extrêmement proche de la nôtre et qui, au nom de l’intérêt général, a installé une mécanique mortelle, visant à augmenter la productivité des gens et à leur faire comprendre la valeur de la vie. Outre la docilité déconcertante avec laquelle la population tolère cette machine de mort arbitraire et parfaitement huilée, c’est le réalisme du monde dépeint par l’auteur qui met mal à l’aise.

En parallèle à ce système foncièrement injuste, le mangaka invite à suivre la détresse de deux condamnés à l'occasion de ce premier volume. Le compte à rebours qui frappe ces jeunes dans la fleur de l'âge, alors qu’ils n’ont plus que quelques heures pour donner un sens et une conclusion à leur vie, est extrêmement prenant et permet d’étudier leurs réactions et le comportement humain face à la mort. Le graphisme retranscrit parfaitement les différentes émotions, allant du déni à la colère, en passant par la peur, et accentue le réalisme terrifiant de cette saga qui compte déjà six tomes au Japon.

Et vous, que feriez-vous s'il ne vous restait que vingt-quatre heures à vivre ?

Par Y. Tilleuil
Moyenne des chroniqueurs
6.5

Informations sur l'album

Ikigami - Préavis de mort
1. Aux confins de la vengeance - La chanson oubliée

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 26/08/2020 à 17:45:50

    Avis portant sur la série:

    Quand j'ai commencé à lire ce manga, je me suis demandé si ce n'était pas un énième foutage de gueule. Une société accepte que des personnes meurent au hasard pour une loi qui entend assurer la prospérité de la nation. Les enfants sont vaccinés dès le plus jeune âge et à un moment donné de leur vie entre 18 et 24 ans, ils meurent victimes de nano-capsules spéciales introduites dans 0.1% des seringues. On aura tout vu!

    Bon, il faut accepter l'idée de départ qui est intéressante : on doit l'admettre. Ce qui est effrayant, c'est que l'auteur décortique une machine administrative huilée qui prend en charge la condamnation à mort arbitraire. Un fonctionnaire doit livrer deux à trois fois par mois le préavis de mort à savoir l'Ikigami. C'est choquant de cruauté car traité comme une simple formalité administrative.

    Il va s'en passer des choses car les personnes qui savent qu'ils n'ont plus que 24 heures à vivre réagissent de manières totalement différentes. Certains s'adonnent à la vengeance, d'autres essayent de retrouver les vraies valeurs. Oui, ce concept parait très intéressant. Depuis Death Note, je n'avais pas lu un manga aussi puissant dans le même genre.

    Chaque volume va être l’occasion de découvrir le destin de deux personnages à qui ont délivre ce préavis de mort. Ils n’ont plus que quelques heures à vivre. Leurs vies vont basculer et ils vont devoir faire des choix cruciaux qui impliquent bien entendu leur proche. C’est souvent triste car cette loi est arbitraire et injuste. Une jeune mère de famille de 24 ans qui est heureuse d’élever sa petite fille asthmatique peut ainsi mourir pour le bien de son pays soi-disant au nom de cette loi de prospérité nationale. Cela peut être également un frère qui devait s’occuper de sa sœur aveugle suite à un accident de voiture où ils ont déjà perdu leurs parents. Chaque récit est intéressant et nous fait réfléchir sur bien des aspects en apportant une petite pierre à un édifice géant qui menace de s'écouler tôt ou tard. Il faudra combien de victimes innocentes pour une prise de conscience ?

    Je suis étonné de voir à quel point cette série est mésestimée ou sous-estimée car nous avons là l’un des meilleurs mangas qu’il m’est été donné de lire. Bien sûr, on pourrait facilement la taxer de guimauverie en raison des situations tristes que cette stupide loi entraîne. Mais au-delà de cet aspect, il y a bien plus encore!

    On pousse en effet les extrémités très loin pour révéler à l’âme humaine ce qu’elle peut donné de meilleur ou de pire. Et surtout, on démontre qu’il ne suffit pas de vivre dans une dictature sanglante pour se sentir vraiment mal. Il existe des lois qui peuvent avoir des effets bien pires. Or, cela est vraisemblable dans nos sociétés car cela peut bafouer les fondements mêmes de nos idéaux. En gros, on ne risque certainement pas de basculer dans une dictature mais on peut connaître et accepter des lois qui régissent notre mode de vie qui sont issues de véritables idéologies nauséabondes.

    Il est clair que cette uchronie parait de la science-fiction irréalisable. Cependant, combien de société se sont laissé faire portés par les médias ou une propagande d’état ? Je songe actuellement au peuple nord-coréen qui me semble être l’exemple le plus manifeste. En France, les gens dans leur désir de plus de répression face à la délinquance sont enclins à accepter des idées extrémistes. Que se passera- t’il dans une centaine d’années si la situation s’empire ? Bref, à bien y réfléchir, cela serait du domaine du possible dans un certain contexte.

    Note Dessin : 4/5 – Note Scénario : 4.5/5 – Note Globale : 4.25/5

    Hugui Le 04/08/2012 à 20:47:42

    Intéressant ce démarrage qui décrit une société pas si éloignée de la notre mais où un jeune sur mille doit mourir de façon aléatoire avec un préavis de 24h pour motiver les autres. Les mécanismes du totalitarisme sont bien décrits et permettent de s'interroger sur notre propre comportement face à la barbarie ordinaire.
    Les dessins ont la qualité manga, c'est à dire très lisible, et permettent de bien apprécier cette histoire et donne envie de connaître la suite.

    antithesis Le 28/08/2011 à 16:09:46

    Un pur seinen, le scénario est très intéressant et les personnages ont de la profondeur.

    Le dessin est très bon mais les cheveux des personnages me semblent trop plats, enfin c'est un style, mais ça réduit le réalisme. Les décors sont très bons bien qu'encore trop peu nombreux à mon gout. La maitrise des trames est excellente et il n'y a pas d'abus de celles ci.
    Toujours au niveau du dessin, parfois, et je pense que c'est volontaire, certaines cases m'ont fait pensé aux illustrations de propagandes. Il faut dire que le sujet s'y prête parfaitement...

    J'ai hate de lire la suite, c'est un manga qui ne se lit pas vite, on en a pour son argent. Tout le monde est potentiellement intéressé par ce que le scénario soulève : que ferions nous si nous avions plus que 24h à vivre ? Et jusqu'où irions nous si la manipulation et le gouvernement de notre pays sortait de telles "mesures" ?