V
enu à Odaiba pour assister à une réunion d’orientation, Jin Mishima croise parmi la foule bigarrée Nanako Okano, une ancienne camarade de classe. Il peine à la reconnaître à cause de son style gothique mais il se rend vite compte qu’elle est le souffre-douleur de filles trashs adeptes, comme elle, du groupe Sarah Helwein qui doit donner un concert d’adieu ce soir-là. Trois heures après sa conférence, Jin retrouve Nanako esseulée, et prend le chemin du retour avec elle. Survient alors une très violente secousse sismique. Indemnes, les jeunes gens s’aperçoivent avec horreur que l’île d’Odaiba s’enfonce lentement dans la mer. Malgré le phénomène de liquéfaction et la tenue peu appropriée de Nanako, ils tentent de regagner la terre ferme. Passant devant les décombres d’un centre commercial, ils prennent toute la mesure du désastre. La panique est générale, les cris des personnes coincées sous les ruines glacent les cœurs. N’écoutant que son courage, Jin se lance à leur rescousse tandis que son amie reste paralysée par la peur.
Fortement ébranlés par le tremblement de terre qui a ravagé Kôbe en 1995, les Japonais conservent la hantise d’une catastrophe similaire de très grande envergure. Tokyo Magnitude 8 cristallise cette peur et met en scène un séisme d’une force sans précédent qui ravagerait la mégalopole tokyoïte, dont la dangerosité potentielle est énorme, si on en croit le scénariste. Usamaru Furuya explique en effet succinctement que le scénario-catastrophe qu’il propose a pour objectif de mieux appréhender et faire comprendre ce phénomène sismique et d’en mesurer l’impact lors d’un cataclysme particulièrement puissant. Dans un récit à l’action très concentrée, il met ainsi en place des éléments réalistes, comme le phénomène de liquéfaction ou la survenue de répliques, ainsi que des situations crédibles de terreur et d’affolement. Les réactions de la plupart des personnages sonnent juste, malgré celle plus exagérée de Sodome, le leader de Sarah Helwein, dont l’attitude égoïste sert surtout de catalyseur pour sortir Nanako de son inertie momentanée. Par ailleurs, si Jin peut paraître un héros lorsqu’il porte secours aux malheureux pris au piège dans le centre commercial, l’auteur s’abstient d’en faire trop et souligne davantage la nécessité d’une solidarité et d’une prise en charge des secours en attendant l’arrivée des sauveteurs. En choisissant des gens de tout niveau social, de tout âge et de sexes différents, il montre également que le fléau frappe sans distinction. L’atmosphère de terreur, ainsi que le basculement d’une fin de journée paisible à une soirée d’enfer, sont bien rendus par le dessin classique du mangaka. Celui-ci joue beaucoup avec les trames sombres et les hachures au niveau des visages des protagonistes qui donnent l’impression d’être marqués ou maculés de sang et de boue.
De bonne facture et traitant d'un sujet intéressant, ce premier tome de Tokyo Magnitude 8 se révèle une lecture prenante, bien que l'histoire ne sorte pas franchement des sentiers battus des aventures cataclysmiques que le lectorat a l'habitude de voir au cinéma.
C'est le genre de lecture que j'aime bien d'ordinaire et d'ailleurs c'est mon premier manga "catastrophe". Pourtant, il manque quelque chose pour l'élever au-dessus de toutes les productions. Il part d'un postulat intéressant : que se passerait-il si la plus grande mégalopole du monde à savoir Tokyo était frappée par un séisme de puissance 8 sur l'échelle de Richter ? Bref, l'auteur joue sur la peur du "Big one" et toutes les conséquences qui en découleraient.
On va suivre le parcours d'un jeune homme de 21 ans qui croit avoir toute la vie devant lui et qui croise une ancienne camarade de classe autrefois bouc émissaire déguisée en ange déchu de la mort. Ouais, c'est un peu destroy ! Mais bon, on se laisse toute de même prendre au jeu.
Les scènes relatives au tremblement de terre et à ses secousses sont assez impressionnantes. On apprend même des choses : je ne connaissais pas le phénomène de liquéfaction où l'onde de choc comprime le sol plus vite que l'eau qui s'en réchappe.
Cette série est à lire pour passer un bon moment de divertissement sur un sujet catastrophe. Un peu comme ces feuilletons américains de l'après-midi traitant de cataclysme aussi divers les uns que les autres.
Ajout à mon avis initial suite à la catastrophe de Mars 2011 au Japon:
A force d'imaginer les pires choses, elles finissent par arriver ! Et en pire puisqu'il s'agissait d'une magnitude 9 avec un puissant tsunami d'une vague faisant par endroit près de 11 mètres de haut. A cela on rajoute une catastrophe nucléaire classée au même rang que Tchernobyl ! Quand la réalité dépasse la fiction ! ....