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Le suédois

13/03/2009 11063 visiteurs 6.8/10 (6 notes)

H iver 1898. Le blizzard puis la tempête de neige s'abattent sur une petite ville en expansion du Nebraska. Le 20e siècle frappe à la porte avec fracas. Trois hommes de passage trouvent refuge au Blue Hotel qui porte bien son nom. Pourquoi un hôtel bleu ? Selon le patron des lieux, homme violent et étrange, tout simplement parce que c'est joli. Une atmosphère lourde de conséquences s'installe entre les voyageurs, leur hôte et son fils. Autour d'une partie de cartes, les esprits s'échauffent…

S'il est un reproche que l'on ne peut faire à Christophe Gaultier, c'est bien de ne pas savoir créer une ambiance comme base solide d'un récit. Façonnée à l'aide de couleurs imprégnées d'humeur, de tension et de gueules aussi expressives qu'inquiétantes, celle du Suédois rappelle par certains aspects celle rencontrée sur la Banquise. Est-ce la météo tourmentée ou la démence s'emparant des acteurs qui est à l'origine de cette impression ? Peu importe, ce nouvel album écrit en solo, librement inspiré du roman Blue hotel de Stephen Crane, est savoureusement mis en scène. L'auteur réussit le tour de force de faire monter la pression sans révéler un seul indice quant aux interrogations posées tout au long du récit. L'intrigue et les préoccupations des protagonistes sont reléguées au second plan, laissant le champ libre à un phénomène étrange : le plaisir d'assister à un spectacle hors du commun. A mi-chemin entre le bande dessinée et le théâtre, ce huis clos étouffant fait la par belle à la confrontation d'esprits forts et malmenés par la rude vie de cette époque. Une belle brochette de doux dingues et autres névrosés. Ne cherchez pas les cow-boys et les Indiens dans ce "western", ici il n'est question que d'hommes face au traumatisme de leur passé et à l'incertitude de leur futur.

Le trait caractéristique de Christophe Gaultier prend de l'ampleur. Les silhouettes effilées, entre ombre et lumières (l'utilisation de celles-ci est particulièrement bien maîtrisée), sont accompagnées de savants halos de fumée et d'haleine sûrement fétides. Les décors prennent parfois le dessus sur les personnages mais sans générer de frustration, bien au contraire. La simple vue de la salle de l'hôtel est criante de vérité et magnifiquement rendue. L'utilisation d'un nombre minimale de cases (cinq à six par page) permet une lecture rapide si l'on fait abstraction d'une contemplation des tableaux offerts par le dessinateur. Deux options sont possibles : la relecture indispensable ou l'observation attentive lors du premier passage au risque de ralentir le rythme. Dans les deux cas, les images restent longtemps présentes à l'esprit.

Entre folie et claustrophobie, Le suédois est un huis clos angoissant qui ne fait aucune concession aux sirènes de la notoriété croissante de son créateur. Un bon remède pour oublier l'arrêt définitif de Guerres Civiles, voire oublier la série elle-même pour qui ne la jugeait pas à la hauteur des précédentes parutions de l'auteur. Christophe Gaultier is back !

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Par T. Pinet
Moyenne des chroniqueurs
6.8

Informations sur l'album

Le suédois

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Note: 2.9/5 (56 votes)

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L'avis des visiteurs

    Erik67 Le 03/09/2021 à 16:16:07

    Je me suis interrogé à la fin sur l'utilité d'une telle œuvre. On suit l'ensemble avec un certain plaisir grâce à une atmosphère pesante très bien retranscrite mais on arrive à un résultat tout de même très décevant. L'auteur a voulu reprendre une nouvelle d'un jeune auteur américain du XIX ème siècle de l'époque de la conquête de l'Ouest. Il aurait mieux fait d'imaginer une histoire originale ou de l'adapter d'une autre manière.

    Par ailleurs, je n'ai guère aimé ce graphisme trop brouillonné avec des couleurs trop sombres. Le blue hôtel n'a jamais aussi mal porté son nom par exemple. Je veux bien qu'il y ait du blizzard qui empêche de belles vues très photographiques mais tout de même !

    Au final, c'est trop quelconque pour convaincre vraiment. Il est rare que je note mal un titre de la collection Futuropolis. On ne pourra pas dire que je ne suis pas objectif...

    sansache Le 30/05/2010 à 14:50:45

    A lire absolument pour la qualité graphique... Même si l'histoire peut sonner un peu bancal, notamment la fin, cet album ne peut laisser indifférent en raison de son dessin et sa mise en couleur qui collent parfaitement avec l'ambiance glacé et le huis-clos.