L
auréat de la Villa Kujoyama en 2007, Emmanuel Guibert y a, pendant quelques mois, écrit, dessiné et peint. La somme de ces travaux est réunie dans un bel ouvrage publié aux éditions Futuropolis. L’album est composé de collages, de dessins réalisés à l’encre de Chine, parfois sur du tissu, parfois au feutre, à l’essence de kaki, à l’aérosol ou à quatre mains, mais aussi de lavis, d’estampes ou de reproductions auxquelles se mêlent des nouvelles illustrées par des photographies couleurs. Se glissent aussi quelques photos sépia extraites d’un journal du début du siècle dernier débusqué chez un bouquiniste, et un cahier de kanji, chiné au détour d’une brocante. Guibert s’approprie les matériaux, s’essaie à la lithographie, détourne les supports, martyrise les outils - ou sa table de travail - pour mieux les plier aux univers et aux émotions qu’il explore, à ce Japon qu'il se prend à rêver et à recréer.
Japonais se présente comme une somme de petits riens, d’anecdotes, d’impressions fugaces. Quelques contes de l’ordinaire, emplis de candeur et d’émerveillement, qui réussissent à sauter la barrière de la langue comme à exprimer l’évanescence des choses. Des haïkus, en quelque sorte.
L’épigraphe de l’immense poète Matsuo Bashô n’en est que plus lumineuse : « Vous trouverez dans mes carnets de voyage des observations glanées au hasard le long de la route, des expériences et des images qui s’attardent dans mon cœur et dans mon esprit, la mélancolie d’un pavillon dans la montagne ou d’un kiosque dans la campagne, et comprendrez combien j’apprécie le vent et les nuages. Mais les notes que j’ai rassemblées ne sont peut-être après tout que le bavardage d’un homme ivre, le bafouillage incohérent d’un dormeur. Si tel était le cas, il faudrait les entendre d’une oreille discrète ».
On aurait tort.
>>> Quelques planches sur le site de BDGest'.
>>> Lire la chronique de l'album collectif Japon et l'article qui lui avait été consacré sur BDGest'.
>>> Parmi les autres ouvrages d'Emmanuel Guibert, lire aussi la chronique de la Fille du professeur puis celle de la Guerre d'Alan avant de jeter un œil sur la chronique du Photographe.
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