La vie de Grégoire n’est décidément pas monotone. Non seulement il doit fréquenter deux écoles, multiplier les voyages temporels, apprendre à devenir un mage pour sauver le monde, supporter sa famille dans le passé et le présent mais aussi réparer les (grosses) bêtises de sa sœur, Chloé. Et il faut bien avouer que pour la dernière en date, elle n'y est pas allée avec le dos de la cuillère. A force de jouer avec le talisman magique de son jeune frère, elle s’est malencontreusement créée un double, une sorte de miroir obscur de sa propre personne. Evidemment, il faut absolument cacher cette jumelle encombrante et surtout essayer de la faire disparaître, d’autant qu’elle lorgne d’un peu trop près du côté de la magie noire.
Quelque chose que l’on peut difficilement reprocher à D.-P. Filippi est d’élaborer des scenarii trop sommaires voire simplistes pour Gargouilles. Car le premier tome mis à part, qui avait pour but de présenter l’ensemble des protagonistes, les trois suivants ont atteint un niveau assez élevé de complexité, surtout si l’on considère que la série est davantage destinée à un public estampillé « jeunesse » : des allers-retours incessants vers le XVIIe siècle, des quêtes multiples et variées, des personnages secondaires qui apparaissent et disparaissent aussi sec… Bien que le dernier point soit plutôt classique pour des albums évoquant enchantements ou sorts plus ou moins farfelus, les autres ont surtout permis d’embrouiller les lecteurs les plus aguerris.
Le double maléfique propose, à ce titre, une trame beaucoup plus simple que les précédentes : des personnages moins nombreux, un but clairement déterminé dès le début du récit et seulement deux époques visitées, sans risque d’attraper le mal des transports. La lecture s’en trouve alors facilitée même si le contenu reste un peu trop verbeux. Pourtant, cette nouvelle aventure de Grégoire a du mal à susciter autre chose qu’une relative sympathie. C’est joli, mignon, sans parvenir à se départir d’un air d'énième ersatz d'Harry Potter. D’autant que le dessin de Camboni semble un peu moins fouillé pour les décors et manque parfois de précision pour les visages.
Au final, c’est un sentiment très mitigé qui domine après la lecture du cinquième tome de Gargouilles, notamment celui d’une série qui n’aura jamais, pour l’instant, su tenir les promesses d’un premier volume fort réussi.
Lire la chronique du tome 2
Lire la chronique du tome 3
Poster un avis sur cet album