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ranquin reconnaissait déjà combien il était difficile de reprendre une série, de faire la liaison avec le style imposé par un autre scénariste, par un autre dessinateur. Fournier, Nic et Cauvin, puis Tome et Janry en ont fait successivement les frais. Sous le feu nourri des critiques, ils ont surmonté l’écueil avec plus ou moins de bonheur, la faute peut-être à un lecteur un rien conservateur, engoncé dans ses certitudes et qu’il ne fallait surtout pas bousculer. La succession semblait impossible, la tâche incombant désormais à Jean-David Morvan et à José Luis Munuera s'annonçait redoutable. Conscients de l’enjeu, leurs premier pas furent hésitants (Paris sous Seine), puis l’assurance venant, ils se sont progressivement libérés (L’homme qui ne voulait pas mourir) avant de marquer une pause (Spirou et Fantasio à Tokyo). Rien de honteux dans cette reprise malgré les quelques tics narratifs et un tropisme prononcé pour le manga. Aussi, à l’aube du cinquantième numéro, tous les espoirs étaient permis et la venue de Yann de nature à rassurer les pisse-froid. Surtout, l’idée n’avait rien de saugrenu. Il s’agissait de fêter dignement l’événement, de revisiter le passé, de replacer les personnages dans leur contexte tout en s’inscrivant résolument dans la modernité.
Afin de sauver Miss Flanner, la belle et jeune scientifique dont Zorglub et Champignac se sont épris dans leur jeunesse, Spirou est amené à défier le continuum espace-temps grâce à des objets collectés au cours de ses aventures (le costume du Gorille à bonne mine, le masque en latex de La mauvaise tête, le képi arboré dans Le dictateur et le champignon...). Un pistolet temporel désintégrant les objets fera le reste, renvoyant son utilisateur à l’époque où il les touchait pour la première fois. Ainsi conduit à revivre certains de ses exploits, Spirou risquait de provoquer un terrible paradoxe temporel… et de relancer la querelle entre les anciens – lecteurs – et les modernes. A moins que ne se produise l’effet inverse et que l’album permette un temps de réconcilier les deux parties tant il s’avère décevant.
Le titre, à lui seul, est une fausse promesse, un coup marketing. Aux sources du Z ! Une telle annonce laissait augurer un Zorglub aux premières loges, un savant fou à son meilleur. En lieu et place se présente un album souvenir ressassant vaguement le passé à défaut de construire un récit, où l’hommage verse dans la citation gratuite tant la compréhension de l’univers semble superficielle et anecdotique. De ce catalogue de références mal digérées, de cet ensemble de bric et de broc, l’aventure pâtit et manque singulièrement de souffle. Dès les premières pages, l’humour est approximatif, la narration heurtée. Les dialogues sonnent faux, les personnages paraissent à contre-emploi, leurs réactions semblent affectées, presque déplacées. Comment expliquer la colère de ce Spirou qui en vient à frapper son double, l’inconséquence d’un Fantasio qui n’est tout de même plus le gaffeur qu’il était à ses débuts, ou l’animosité que tous deux ressentent à l’égard de Zorglub si ce n’est par de grossiers raccourcis scénaristiques ? L’on apprendra par ailleurs que si Spirou gifle une femme, c’est uniquement quand il en tombe amoureux. Voilà de quoi rassurer les associations de lutte contre les violences conjugales. Et puis, il y a les invraisemblances, les incohérences chronologiques, de la question de la différence d’âge entre Spirou et Champignac à celle entre Champignac et Zorglub. Jamais, Morvan et Yann n’ont su s’accommoder de l’articulation entre le temps du récit et le temps effectif. Par définition, Spirou ne vieillit pas, il se contente de mûrir.
Quant à la conclusion de l’album, est-elle si innovante ? Le résultat n’est-il pas bancal ? Chacun en jugera. Simplement, s’il s’agissait de faire table rase du passé, d’une continuité embarrassante, pourquoi le faire en créant des univers parallèles ? Si l’objectif était de moderniser le personnage, pourquoi le faire renaître sous sa forme primitive et, d’une certaine manière, le figer dans le passé ? Ce mic-mac résulte peut-être de la synthèse hasardeuse réalisée entre deux visions antagoniques. D’un côté, celle de Yann pour qui la série aurait dû s’arrêter à son acmé – l’âge d’or, les années Franquin –, pour qui Spirou se doit d’être vêtu de sa livrée de groom, et de l’autre, la vision de Jean-David Morvan, sa volonté répétée de modernité où le passé n’est que prétexte à clin d’œil, où il faut avancer coûte que coûte quitte à ne jamais se retourner. Paradoxalement, Aux Sources du Z manque justement de l’audace dont les auteurs se piquaient. Incapables de s’entendre comme de renouveler la série, ils laissent à d’autres le soin de s’en charger...
Un mot tout de même sur le beau travail de José Luis Munuera. Son trait, déjà dynamique et enlevé, s’est considérablement affermi au fil des albums. Sa réinterprétation du dessin de Franquin est superbe, il n’y manque que le marsupilami et des couleurs à l’avenant.
J’ai vraiment ressenti cet album comme une trahison du passé de Spirou : comment balayer 50 albums ? Un scénario bancal, pas d’histoire ou alors ridicule, des personnages qui n’agissent pas comme ils devraient…
Ceci n’est PAS un Spirou et Fantasio. C’est une daube.
Pas forcément ultra-connaisseur de Spirou (trop d'auteurs, de formes graphiques, de spin-off pour s'y retrouver), j'ai découvert cet album que j'ai trouvé intéressant.
Alors, c'est un vrai contrepied puisque, si on reste dans la logique d'une série, la fin de cet album induit FORCEMENT un changement radical dans la suite. Impossible à imaginer, cet album aurait + sa place dans la série "Le spirou de ...".
Le dessin ne ressemble à rien à l'école Franquin, mais se laisse bien regarder. Par contre, quelques allusions bas de ceinture là encore assez éloigné de l'esprit originel.
J'ai cependant décroché lorsque j'ai compris que Spirou cherchait à retourner là ou "l'explosion" a eu lieu, ce qui signfie que selon cet album, Spirou, Fantasio, le Comte, Zorglub et Miss Flaner on tous le même âge ... étonnante maladresse scénaristique.
Par contre, le procédé des retours dans le temps est très bien illustré.
Contrairement à la majorité, j'ai plutôt bien aimé cet album. Le scénario de Yann et Morvan revisite de façon malicieuse certains anciens albums considérés comme des grands classiques de l'âge d'or de la série, et c'est franchement agréable. Ajoutez à cela d'autres clins d'oeil par l'intermédiaire de Spip (des titres d'anciens albums détournés) et ce qui pourrait s'aparenter à un exercice de style mais qui se veut en fait plutôt un hommage à la série toute entière (ce qui se comprend facilement pour un tome 50) est au final réussi. Un hommage qui d'ailleurs s'effectue jusqu'au bout avec une fin qui n'est pas sans rappeler celle de MACHINE QUI REVE, l'un des albums les plus polémiques de la série.
Seul bémol à mon sens : l'humour. Il est très peu présent (comme dans tous les albums de Morvan et Munuera), d'où l'impression d'avoir affaire à une BD d'action avec un rythme qui va à cent à l'heure.
Quant au dessin, cela reste une affaire de goût. Pour ma part je le trouve plaisant, même si pour moi ce trait "manga" ne correspond pas du tout à SPIROU, série considérée comme un modèle de l'école franco-belge.
Arrrghh!!!!!! Au secours qu'est ce que c'est que cette horreur ?! Morvan/Munuera/Yann partez vite et ne revenez jamais!
Cette BD est une honte, je ne comprend pas que l'on ai pu accepter d'éditer cette aventure chez Dupuis !! Elle devrait être supprimée des annales des aventures "SPIROU" !
Il n' y a aucun respect de l'oeuvre de Franquin et de ces successeurs, à cela s'ajoute la qualité désastreuse du scénario (comme pour tous les autres albums).
Je pense vraiment que je vais revendre les tomes 47 et 48, et même le 49 si je l'avais.
Par pitié, faite revenir Tome et Janry. Eux seuls sont capables de rendre ses lettres de noblesses à la série.
Je pense que certains épisodes de l'animé "Spirou et Fantasio" (de l'époque Tome et Janry), feraient de très bons albums pour faire repartir la série. Animé lui aussi supérieur à celui basé aujourd'hui sur "l'oeuvre" de Morvan et Munuera.
La longue vie d’un héros de BD en prise avec le monde réel est toujours problématique. Encore plus s’il y a plusieurs reprises. Spirou en est un exemple parfait. Ainsi beaucoup de lecteurs regrettent-ils celui de Franquin. Oui, il était bien, mais n’oublions pas qu’il était en parfaite adéquation avec son temps - les années 50-60 - en pensée et en action. Il ne peut pas rester tel quel dans le monde actuel. Un Buck Danny (à peine plus jeune que Spirou) chassant le Mig 29 avec son vieux Wildcat serait-il crédible ?
Il n’y a pas trop le choix : -soit on replace Spirou et Fantasio dans ces années (comme cela a été fait pour Blake et Mortimer, par exemple, avec un résultat très satisfaisant) et en avant vers de nouvelles aventures ;
- soit on accepte que Spirou évolue avec les mentalités, quitte à rompre complètement avec « l’esprit premier» de la série ;
- soit on n’est plus d’accord, et on reste sur les anciens albums. Ce que pour ma part j’ai fait avec certains comme Lucky Luke, Barbe Rouge, Ric Hochet et d’autres, sans pour autant en appeler aux mannes de Morris ou de Hubinon…
Jugeons donc l’album par rapport à ceux des mêmes auteurs et non par rapport aux premiers.
Je trouve l'histoire totalement extérieure à la série. Amateur de la première heure de Spirou et fantasio, je trouvais les derniers albums assez fidèles à l'esprit de la série. Là, je suis resté sur ma fin. Je ne suis pas rentré dans l'histoire, décousue et la fin m'a laissé bête. Je trouve cet album sans intérêt.
Eh bien... Je suis bien content que ce soit le dernier de ce duo-là! Ils étaient tous mauvais, mais celui-ci est le moins pire. J'ai bien aimé qu'on y retrouvait exactement les mêmes cases que dans les premiers albums (voyage dans le temps)... Je n'avais jamais vu ça dans d'autres BD. C'était un beau clin d'oeil. À part ça, comme j'ai déjà dit, le style ne colle pas du tout à la série et je déteste les dialogues et les expressions que les personnages utilisent. Je trouvais très audacieux La machine qui rêve de Tome et Janry et j'aurais aimé que ça continue ainsi, ça devenait une BD plus sérieuse et plus pour adultes. Mais qu'est-ce qui nous attend pour le prochain???!!
Après le désastre complet qu'avait constitué la reprise de la délicate franchise de Spirou par Morvan et Munuera, il y a eu une pause, que l'on imagine agitée et dédiée à des sessions de "brainstorm". "Aux sources du Z" est le résultat d'un travail de fond, dont on perçoit avec clarté les principes : allègement (salutaire) du mode de narration de Munuera, avec des cases plus grandes et plus de respiration dans l'action, et donc plus de lisibilité, scénario confié à un "pro", Yann, pour pallier aux incohérences ridicules des tomes précédents. Jusque là, tout va bien, sauf que Yann et Morvan ont visiblement décidé de s'inspirer du travail très second degré entrepris dans la série parallèle, "Une aventure de Spirou et Fantasio" et de travailler sur une re-visite conceptuelle des oeuvres-clé des premiers âges de Spirou, tout en la parsemant de transgressions actuelles : le baiser à Seccotine, l'ambiguité du triangle amoureux entre Zorglub, Pacôme et leur amour de jeunesse, d'ailleurs portée à un degré de perversion inédit puisque c'est Spirou lui-même qui consommera "l'inceste". Là où le bas blesse, c'est que l'hyper-intellectualisation de la série, loin de donner naissance à un chef d'oeuvre, comme "Machine qui Rêve" dont ce livre se rapproche par sa conclusion (Deux Spirou, l'un enchaîné à son destin "enfantin" de héros de BD, l'autre choisissant l'émancipation d'une vie "ordinaire", donc d'une vie amoureuse et sexuelle...), est vite fastidieuse, faute de rythme, d'humour, et surtout, d'enjeu. Allez. Messieurs, encore un effort !
Et rebelote, encore une aventure moyenne de nos deux héros. Rien à dire quand aux dessins, il reste impeccable, mais le scénario devient presque pathétique tant il est pitoyable. Au secours !
Un re-re-pompage de la substance des anciens albums pour un résultat décevant. A quand les nouvelles aventures de Spirou et Fantasio: Le requiem du Z ou alors, ou le nid du n'importe Nawak ?
Autant les premiers tomes de munuera et morvan m'avait plu, sans plus. Mais alors là, je suis bluffé par le scénario qui donne une fameuse claque à la série dans les données à prendre en compte ! en espérant que les tomes à venir ne feront pas comme si celui-ci n'avait pas existé, les Spirou et Fantasio vont changés...
franchement, un album génial, dessin superbe, scénario inventif et inattendu!!!
je me doute que certains n'aimeront pas mais c'est la magie de spirou et fantasio, cette serie s'enrichie avec la diversité des dessinateurs et scénaristes qui apporte chacun à leurs maniere les galons de cette serie Merci