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our épouser la belle princesse Pimprinule et sortir de sa triste condition sociale, le jeune, beau et frêle Célestin, orphelin de son état, devait remporter les jeux du printemps organisés par le roi Maurice Ier. Contre toute attente, les choses ne se passent pas vraiment comme prévu, et le fougueux prétendant devra changer son fusil d'épaule pour parvenir à ses fins.
Célestin Gobe-la-Lune est un peu comme une respiration, un moment particulier, voire privilégié, dans le flux continu des sorties BD. Quiproquos, retournements de situations, vers déclamés devant un public conquis... c'est le théâtre, véritablement, qui s'invite sur les planches. Certaines situations s'avèrent prévisibles, c'est certain, un peu comme des passages obligés d'un genre qui n'a que trop peu souvent sa place dans la bande dessinée. Toutefois, Wilfried Lupano, salué notamment pour son travail sur Alim le tanneur, parvient toujours à trouver un angle amusant, jouant d'un art certain de la mise en scène et d'un humour de situation fort à propos. Le soin apporté aux textes termine de donner aux personnages suffisamment de charisme pour laisser un souvenir durable, et le zeste de dérision, entre pastiche et hommage à un genre que le scénariste apprécie de toute évidence, fait de ce dyptique un moment savoureux.
Le deuxième volume devrait satisfaire ceux qui avaient émis des réserves sur la prestation de Yannick Corboz à la sortie du premier. Le trait s'est considérablement affiné, abandonnant cet encrage trop marqué qui avait tendance à alourdir les scènes, et les couleurs, moins agressives, conviennent certainement mieux à l'ambiance voulue par les auteurs. Inégal dans sa partie graphique, l'ensemble reste toutefois de bonne facture et marque principalement par les gueules données aux protagonistes, révélant chez le dessinateur ce même mélange de profond respect et de douce dérision affiché par son scénariste.
Léger et exalté, Célestin Gobe-la-Lune offre un vrai plaisir de lecture. Voilà qui est beaucoup trop rare pour s'en priver.
Diptyque sympathique sous forme de fable burlesque. On y parle de poésie, d'amour, de révolution, de potions et de concours de lutte...
Un bon moment passé avec ce Gobe-la-Lune de Célestin.
Célestin Gobe-la-Lune est une des nombreuses facettes de l’immense talent de Lupano. Cette œuvre est incroyable. Il s’agit d’une comédie burlesque pleine de farce (dans la tradition du théâtre) digne des plus grandes œuvres de Molière. Voilà ce qu’a créé Lupano : du Molière !!
Le dessin est celui de Corboz : très bon, avec des personnages particulièrement dynamiques et expressifs, avec un grand gestuel. Le style du dessin, la mise en scène et le jeu des personnage est particulièrement bien adapté à cette œuvre. Personnellement, j’adore le jeu des couleurs qui peuvent se faire assez vives, mais aussi criardes. De plus, le travail sur les couleurs ne semble pas être le même entre le tome 1 et le tome 2. Les couleurs sont beaucoup plus atténuées dans L’Assassin Qu’Elle Mérite du même duo d’auteurs. De plus, les personnages sont mis en valeur par des contours de noirs dans le tome 1, mais pas dans le tome 2. Cela n’est pas grave somme toute, et le dessin reste magnifique.
Concernant le scénario, nous avons à faire à un chef d’œuvre de la comédie et de la Farce, telle qu’elle s’écrivait à l’époque de Molière, qui lui-même s’inspirait de la tradition italienne. Le scénario est bien ficelé, solide, mais à la lumière de ce qu’est ce style comique. Certains ressorts du scénario pourraient paraître simples, voire simplissimes, mais rappelons nous que le but ici est le comique de situation. Et j’avoue que le résultat est vraiment très drôle, moi qui n’est pas un grand sens de l’humour : je suis bien servi. Vive Lupano !
Il faut souligner particulièrement le travail sur les dialogues : dans l’ensemble, c’est de la prose mêlée de vers en rimes repris de divers auteurs, mais certaines aussi sont l’œuvre de Lupano, je crois. Le style est 18 ième. Ils sont écrits avec grands soins : quel travail !
L’histoire est celle de Célestin, abandonné à sa naissance, par sa mère très pauvre ; Mais le bébé ayant croisé temporairement le chemin d’un couple de nobles : il croit être d’ascendance noble, car il a gardé une étoffe de soie, lié à son abandon. Ainsi, il courtise, il se fait l’amant des jeunes filles noble dans l’espoir de faire un bon mariage, et se sortir de la crasse. Il s’en suit confusion et quiproquo. Mais il rencontre un jour la princesse dont il tombe amoureux : il se dit qu’il doit alors l’épouser. En parallèle, le peuple prépare une révolution pour instaurer la république, mais aussi la sœur du Roi ourdit un complot pour s’emparer du trône et instaurer un régime tyrannique. De quiproquo en quiproquo, les nobles et le peuple tombent dans les bras l’un de l’autre, et Célestin devient un héros de la révolution !!
Vive Lupano, Vive Corboz !! Et Vive La République !!