S
oupçonné par Darianna, une agent impériale, d’en savoir long sur l’enlèvement de la princesse par des rebelles, Jasper, pris en chasse, trouve son salut en plongeant sous le tapis de feuilles d’Okheania. Là, il retrouve son ami Jon, disparu lors d’un tsunami, et fait la connaissance de la jolie Tania. A son tour, il découvre l’univers d’arbres qui se cache sous la surface et s’y montre sensible grâce au charme de sa gentille hôtesse. Mais Jon, lui, n’a qu’une envie : sentir de nouveau la mouvance de la couche végétale et respirer un air dépourvu de moiteur. Un soir, arrive un groupe parmi lequel se trouve une enfant hautaine et capricieuse qui n’est autre qu’Hélénia, la fille de l’empereur. Le village refuse d’abord de les héberger puis cède devant les arguments de Jon qui se laisse rapidement convaincre par la princesse de regagner la surface avec elle.
Après un premier tome de présentation, couronné au Japon par le second prix de la deuxième Manga Competition, La Chute développe l’univers imaginé par Eric Corbeyran (Weëna, Le Chant des Stryges, La conjuration d'Opale, Guarrigue etc.). Mêlant habilement action, émois sentimentaux naissants, rupture de tabous et écologie sur fond de luttes politiques et sociales, le tout agrémenté d’un plaisant zeste de fantastique, l’intrigue, bien rythmée, prend son essor. Et si le propos est relativement simple, car destiné avant tout à un jeune public – le format parfait pour glisser la bd dans un cartable le montre assez -, les thèmes abordés n’en sont pas moins forts et traités avec pertinence. D’un côté, les caractères des personnages-clés sont développés, tandis que l’aspect politico-social prend de l’ampleur. Le lecteur découvre en effet les inégalités qui existent en surface comme dans les profondeurs d’Okheania, à travers la présence d’atolls émergés appartenant presque tous à l’empereur, mais aussi de véritables strates horizontales auxquelles correspondent autant de niveaux sociaux et culturels. Cependant, c’est surtout la fable écologique qui est mise en avant et rapproche ainsi encore plus la série des œuvres de Hayao Miyazaki, en montrant la symbiose nécessaire entre les différentes couches aperçues. Cela est renforcé par l’alternance des passages ayant lieu au-dessus ou en-dessous du tapis végétal.
Cet aspect-là est particulièrement visible dans le dessin d’Alice Picard (Weëna, Les véritables Légendes urbaines - tome 2). La dessinatrice prend visiblement plaisir à peupler de mille et une créatures exotiques l’univers d’arbres du peuple de Tania, ainsi que les hordes de requins volants qui sévissent dans le ciel de la canopée. Par ailleurs, il ne fait aucun doute, au regard de la dernière planche, que les entrailles de ce monde recèleront également leur propre cortège de faune et de flore. Agréable et fluide, le graphisme se pare aussi des décors plutôt réussis et des vaisseaux, certes moins présents, de Guillaume Lapeyre (Les Chroniques de Magon, Ether). Enfin, les couleurs d’Elsa Brants (Weëna, Les Chroniques de Magon, Le Déserteur, Les Brumes d'Asceltis) créent des atmosphères distinctes pour chaque strate. Ainsi aux étendues claires et aériennes du tapis de feuilles répondent les pénombres aux multiples teintes de la forêt. L’ensemble est harmonieux et traduit bien ce qu’on peut imaginer de ces différents mondes.
Ce deuxième tome d’Okheania affirme la tenue de l’histoire et la profondeur du propos même si celui-ci est simplifié. La richesse de son univers attire et retient l’attention tandis que le dessin ne manque pas de charmer.
>>> Lire la chronique du tome 1 d'Okheania
C'est une suite tout aussi agréable que le précédent.
Jasper est receuillie à son tour par Tania et Jon, ils découvrent ensuite la fille de l'imperator kidnappée Ellénia.
Jon et Ellénia s'échappent pour rejoindre le haut, du coup Jasper acompagné par Tania rejoint les membres du peuples pour les aider à retrouver les deux fuyards.
Tout est vraiment bien raconter, un réel plaisir porté par un dessin sublime.
Avec une bonne touche de verdure.