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’y allons pas par quatre chemins, Walking dead est une très bonne série qui renouvelle efficacement un thème qui n’est plus de la première fraîcheur : l’histoire d’un groupe de survivants aux prises avec des zombies intellectuellement et physiquement limités mais terriblement obstinés lorsqu’une chair humaine non nécrosée se trouve à portée de mâchoire. Alors que l’action (comme les personnages) commençait à sérieusement tourner en rond dans l’enceinte de la prison dans laquelle la petite communauté avait trouvé refuge, l’opportunité d’aller voir un peu plus loin était la bienvenue pour s’oxygéner les neurones. Un hélicoptère qui s’écrase à quelques minutes de route, et voilà les plus téméraires du lot partis découvrir l’existence d’une petite ville assez peuplée et régentée par un personnage appelé Le Gouverneur.
Malgré quelques idées séduisantes pour achever de peindre en noir ce monde délabré et souligner la facilité avec laquelle toute société cède à la décadence dès que les circonstances sont réunies, le malaise s’était installé. Pas celui qui naît du massacre de colonies entières d’humanoïdes affamés qui n’ont même plus à se partager un neurone de poule et qui ne sont pas fichus de trouver une place en enfer, parce que si l’on ouvre ce type de livre, c’est bien pour y trouver ce genre de scènes. Non, plutôt celui qui découle d’une association de voyeurisme et de sadisme. Avec la remise au goût du jour des jeux du cirque (gimmick retrouvé fréquemment dans les sociétés post-apocalyptiques décrites dans les séries B ou Z), ou encore le fait d’affliger au tyran local la pire des sentences en s’attaquant à sa progéniture, Kirkman restait dans les clous. En revanche, user de supplices à longueur de séquences complaisantes pour éprouver le spectateur, c’est discutable. Etre partant pour le gore et pour feindre de détourner le regard, c’est une chose, cautionner ces scènes de torture entre survivants, c’est définitivement autre chose. L’amateur de zombie n’est pas forcément client d’Hostel ou des séquelles de Saw, ma bonne Dame. C’est pour de rire, pour le fun ? L’argument n’est pas convaincant, d'autant que les volets précédents, avec quelques réflexions bien senties, avaient habitués à mieux.
Et, malheureusement, l’ouverture de ce sixième recueil prolonge l’écueil dans lequel s’était fourvoyé le précédent. Le mal par le mal, la soif de vengeance soit, mais bon sang que le temps ne passe pas vite et s’il fallait un prétexte pour représenter le Seigneur (de Woodbury, restons simple) dans une pose de martyr quasi-christique, on se dit que les auteurs auraient pu faire plus court. L’évasion, vite torchée, et le retour vers la structure carcérale est alors vécu comme une délivrance, ce qui n’est pas le moindre des paradoxes. L’occasion est alors donnée à Adlard d’exercer son talent de manière plus éclatante dans le cadre de doubles pages sur lesquelles l’œil s’attardera, pour mieux apprécier ces chocs, plus conformes à la qualité générale de la saga concoctée par Kirkman. C’est passé près, mais c’est d’accord, on attend la suite.
Chronique du t1 Passé décomposé
Chronique du t2 Cette vie derrière nous
Chronique du t3 Sains et saufs ?
Chronique du t5 Monstrueux
Si le fil narratif est de très bonne qualité et les rebondissements enrobés de violence sont d'une efficacité redoutable, le bas blaisse au niveau graphique. Il y a beaucoup (trop) de fois, où on confond les personnages, et ça diminue quelque peu la fluidité de la lecture.
Malgré ça, on suit avec nervosité et fébrilité nos survivants et on reste accroché au récit tout au long de ces pages intenses.
Suite directe du tome précédent, ce tome 6 permet de finaliser la séquence à Woodbury et de rebattre partiellement les cartes. La scène entre Michonne et Le Gouverneur est particulièrement violente, presque insoutenable, mais la fin du tome est très réussie!
Sans doute faut-il que l'intrigue du comic book soit le plus distante possible de celle de la série TV (que j'ai malheureusement vue avant de lire les livres) pour que l'esprit puisse se libérer de l'épuisant jeu des comparaisons, et que l'on puisse mieux savourer l'oeuvre de Kirkman et Adlard... Ce sixième tome de la saga "Walking Dead" m'a semblé du coup l'un des plus intéressants à date, grâce à deux moments-clé (pas vraiment présents dans la série TV, ou du moins bien différents) vraiment forts : d'abord cette "fameuse" scène où Michonne torture le Governor de manière pour le moins extrême, et ensuite l'exécution du "traître" Rodriguez... Deux moments où les héros de la série sont clairement "au delà" des limites généralement admises, et donc deviennent réellement intéressants, et ce d'autant plus que leurs actes questionnent l'humanité du lecteur, qui doit se positionner moralement (ou pas) par rapport à ces excès. On espère donc que la saga continuera dans cette direction passionnante, qui exploite (enfin) pleinement le potentiel du thème fondamental de "Walking Dead", la disparition - ou pas - de ce qui fait notre humanité face à la situation la plus extrême qui soit, l'anéantissement de l'organisation sociale.
PS: Rien de neuf toujours par contre du côté graphique, le point faible du comic.
Dans ce tome là difficile d'y voir un message. L'histoire est trop faite d'une violence gratuite difficile à intégrer dans cette saga plutôt réussie jusqu'à présent. Pas de message subliminal cette fois juste des combats trop réaliste. Navrant.
Un ratage.
4/10.