S
e prendre un globicéphale, une sorte de grosse baleine, en pleine poire, ça doit faire très mal. Allez demander à Patrüll, godhi (chef de village), mais aussi père d'Ingmar et d'Epson. Le pauvre vieux, qui n'avait déjà plus toute sa tête, se retrouve désormais paralysé. Une seule solution : aller rendre visite à Eini, sorcière et guérisseuse à ses heures. Les deux frangins se résignent à une alliance de circonstance pour transporter leur paternel vers la chaumière de la mégère. Malheureusement, celle-ci fait boire a Patrüll un elixir de vieillesse en lieu et place d'une potion censée lui redonner les jambes de ses 20 ans. Le godhi se transforme ainsi en mouflet qui prend chaque jour une année supplémentaire. Commence alors une véritable course contre la montre pour trouver l'antidote qui arrêtera le processus diabolique.
Découvrir de nouvelles histoires d'Ingmar est un vrai plaisir. Il faut dire qu'on s'attache au fil des tomes à ce guerrier viking, pas très conventionnel, un peu froussard sur les bords, mais dont les aventures mêlent habilement burlesque, relation fraternelle et lutte de pouvoir, le tout saupoudré d'un brin de théologie. Une autre bonne idée repose sur l'indépendance de chaque tome, sans pour cela empêcher l'évolution de chaque personnage. Ingmar, par exemple, tombé fou amoureux de Cuneen dans Crâne noir, continue de penser à sa dulcinée dans L'elixir de vieillesse. De la même façon, on sent poindre un changement sensible de comportement entre les deux frères ennemis, comme un possible rapprochement.
Le rythme très élevé de la narration empêche tout sentiment d'ennui ou de lassitude. Hervé Bourhis saute souvent du coq à l'âne, ou plutôt de l'ours polaire au gamoréhen. Il manque peut-être, à certains passages, un peu de folie ou d'impertinence qui transformerait une lecture fort plaisante en moment de franche rigolade. D'autant que le dessin de Rudy Spiessert, très épuré, ne s'encombre pas d'artifices et parvient à conserver l'essentiel, comme la trogne, impayable, d'Ingmar ou celle, pas très futée, d'Epson.
Que faut-il craindre d'une série comme Ingmar ? Assurément qu'elle ne parvienne pas à se renouveler, que ses personnages finissent par tourner en rond et rendent leurs aventures beaucoup moins savoureuses. Pour le moment, en tout cas, chaque tome vaut son pesant de globicéphales, même s'il manque parfois un peu de piquant.
Lire la chronique du tome 1
Lire la chronique du tome 2
Pas le plus drôle de la série mais toujours aussi farfelu. Les situations sont cocasses au possibles, les dialogues amusants, les dessins simples mais plaisants ... Une lecture distrayante.
Je confirme sans hésitation les avis précédemment émis : cette série sans prétention mais pleine de fraîcheur et d'humour vaut le détour. Ce petit viking reste injustement méconnu me semble-t-il ?!
Ingmar mériterait un succès plus large que celui qu'il connaît...pour l'instant. Car le tester c'est l'adopter !