V
ous les connaissiez souples, presque agiles, prêts à se glisser tout aussi bien en début qu’au milieu des publications trimestrielles, et les voilà qui cartonnent ! Au niveau couverture, entendons-nous, parce que, cotés caractère et efficacité, ils n'ont pas bougé d’un iota et sont restés fidèles à eux-mêmes. Ils ont juste pris la grosse tête en s’étant fait un peu surdimensionner, et s’affichent en solo. Eh oui, les Luchadores, unis comme les five doigts de la main se sont émancipés de leurs premières parutions au sein du magazine Lucha libre !
Enfin, émancipés c’est peut-être beaucoup dire parce que, si les lutteurs se la jouent classe supérieure en revêtant un habillage digne des plus belles couvertures franco-belges, le contenu de ce premier opus reprend, page pour page, en récit complet, les chapitres parus dans les deux premiers tomes de la série mère. Comme les auteurs ne reculent devant aucun sacrifice, ils offrent en plus, en bonus, la première partie de la genèse de Lucha libre racontée par Jerry Frissen himself, des planches inédites, des crayonnés, sans oublier les pubs, in format grand, pour quelques figurines plastifiées proposées à l’achat.
Dans cette nouvelle parure les Luchadores Five gagnent une vraie identité, une plus grande lisibilité, et certainement aussi quelques lecteurs, nouveaux ou fans, plus attirés par le format carton que par les couvertures souples. Mais ils perdent le coté foisonnant, excentrique, ainsi que la dynamique feuilletonesque de Lucha Libre . Si le pari est louable sur le fond, il peut, à terme, en cette période de tourmente financière, s’avérer risqué, le lectorat n’étant pas à l’abri de se retrouver en situation de devoir choisir entre investir dans la série mère ou les albums, et ce d’autant plus que Les Tikitis et Tequila ont également pris leur envol en solo.
Pour celles et ceux qui n’auraient pas lu Lucha Libre, les Luchadores sont, comme le five l’indique, au nombre de cinq. Vrais amateurs de lutte mexicaine, issus de milieux différents, ils se déplacent masqués et se sentent investis d’une mission : débarrasser le quartier Est de Los Angeles de la gangrène des bandes en tout genre qui y sévissent. Certes, ils ne sont pas toujours d’une efficacité remarquable, leur stratégie manque parfois de pertinence, ils se montrent faillibles dans la gestion du quotidien et sont soumis aux railleries de leurs voisins mais qu’importe, ils y croient ferme à leur statut de super-héros ! Aucune situation, aussi loufoque et complexe soit-elle, n’aura raison de leur abnégation. Dans La cité des hommes brisés, ils devront faire face au gang des loups-garous, aux guerriers Titiks et à Elveze, un fan d’Elvis Presley, mais aussi composer avec la bande des Français, pour trouver une solution au problème d’un lézard géant qui déambule dans la ville en effrayant les enfants. Le tout sans compter qu’il leur faudra également intervenir pour débloquer la situation peu confortable dans laquelle se sont logés les deux jumeaux extra-terrestres. Quarante-huit pages qui se jouent des conventions, mêlant humour, humanité, situations ubuesques et déjantées, appuyées par un graphisme dynamique, proche du manga, très expressif au niveau des visages et dans les attitudes.
Une lecture à conseiller.
Pour se renseigner sur l’univers de Lucha Libre :
quatre chroniques :
-Tome 1
-Tome 2
-Tome 3
-Tome 4
une expo : Lucha Libre s’expose
et un blog : Jerry Frissen reporter
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