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n homme, Giacomo Serpieri. Une femme, Marie-Alice Lavoisier. Il quitte Venise, elle se trouve à Paris. Chacun raconte l’enchaînement des faits qui l’a poussé au crime. Au cours de leur récit, tous deux font allusion au fait d’avoir vécu une expérience étrange, celle d’une désincarnation qui les aurait amenés à être témoins directs, voire acteurs, d’évènements se déroulant pendant l’Antiquité.
Dans ce premier opus, Thomas Mosdi place les bases de son intrigue. Des êtres aux personnalités très éloignées - il est un truand sans vergogne, elle est romantique et candide à souhait - ont vécu à distance une série d’épreuves similaires : déception sentimentale, meurtre, phénomènes paranormaux. Pour narrer le développement des faits, il adopte un procédé inventif : les deux histoires se déroulent en parallèle, mais avec une chronologie inversée. Les principaux protagonistes distillent commentaires et états d’âme par le biais d'une voix off. L'effet qui en résulte, mélange de séquences croisées, enchevêtrées, mais récit qui avance, est plutôt réussi.
Hélas, si le style narratif séduit, si, sur le plan graphique, le trait est réaliste et appliqué, la mise en couleur précise et le rendu agréable, ils ne suffisent pas à pallier la sensation de longueur et d'ennui née de la banalité et de la pauvreté des dialogues ainsi que du manque d’originalité d'un contenu qui donne une impression de déjà vu.
Alors, que penser réellement du premier album de cette nouvelle série ? Les « défauts » relevés pourraient trouver du sens dans le fait qu’il s’agit d’un tome d’introduction. La publication dans la collection Secrets du Vatican pourrait laisser présager une articulation plus complexe qu’il y paraît de prime abord, des révélations et des rebondissements à venir. Mais les dernières phrases de l’ouvrage « A qui le tour ? Je veux bien prendre le relais.Très bien Betty nous vous écoutons » ne vont pas dans le sens de rassurer et laissent craindre que le prochain opus soit un remake du premier. Aux auteurs, dès lors, de surprendre très vite s’ils veulent accrocher l'intérêt de la partie du lectorat qui, pour l’heure, s'avoue peu convaincue.
Deux histoires s'enchassent, l'une suit strictement un ordre chronologique, l'autre n'est constituée que de flash backs qui remontent le temps (ce qui au départ est quand même un poil déroutant).
Si les deux thèmes sont contemporains, l'un est d'ordre strictement criminel avec un brin de romantisme, l'autre est strictement romantique avec un brin de criminalité. Et tous deux dérapent à certains moments pour faire revivre leurs personnages sous d'autres apparences à Théra avant l'explosion du volcan, c'est à dire il y a un peu plus de 3500 ans.
On le voit, la trame est complexe, riche et foisonnante. C'est intrigant, mieux envoûtant et on a hâte de connaître la suite. L'excellence des classiques dessins de Stefano Biglia, tout comme la qualité des couleurs de Delphine Rieu, y sont sûrement aussi pour quelque chose. Pas d'originalité dans ces derniers domaines mais au contraire une rigueur chirurgicale qui fait un juste contraste avec le caractère assez novateur du scénario.