Red song 1. Cache-toi!

M arais ville est le théâtre de bien des secrets. Dans la plus grande discrétion, Madame Tul contrôle la cité à l'aide de ses Grakens. De leur côté, cinq orphelins contraints de mendier le jour se changent la nuit en un monstre rouge. Un journaliste ayant surpris la créature en train de chanter pour se donner du courage la surnommera "Red Song". Si la peur n'empêche pas le danger, les situations périlleuses n'empêchent pas l'humour.

Cache-toi ! apparaît très vite d'une grande densité pour une bande dessinée jeunesse en se montrant exigeant avec ses petits lecteurs. Pourtant le traitement du scénario remet en cause ce parti-pris. En effet, si certaines scènes sont tout à fait sérieuses, comme celles attestant d'actes de maltraitance au sein de l'orphelinat, des dialogues burlesques brisent une ambiance qui peine à se développer. D'autant que des rappels narratifs - sans doute destinés à permettre aux plus jeunes de disposer de toutes les clés de lecture - ralentissent encore le rythme.
Quant aux personnages, la grande méchante Madame Tul est très caricaturale, criant après ses sbires, cherchant à exercer sa domination et à profiter des faibles, tandis que les autres protagonistes possèdent des particularités les rendant uniques.

Le regretté Carlos Meglia, dessinateur auprès de Crisse de la série Cañari, ne faillit pas à sa réputation. Red Song est graphiquement irréprochable. Les décors sont détaillés, les personnages possèdent des traits agréables dans un style cartoon et les couleurs sont très bien dosées. Tous ces éléments rassemblés permettent aux auteurs de présenter des planches et des cases d'une grande beauté. Cependant, dans cette oeuvre destinée apparemment aux plus jeunes, des planches aussi détaillées ne permettent pas l'accessibilité qu'elles revendiquent et nécessitent une recherche du détail qu'auront du mal à appréhender les enfants. La dureté du scénario et la complexité du complot politique ourdi par Madame Tul renforcent cette impression.

Bref, Red Song semble hésiter sur sa cible. Alors qu'elle vise les plus jeunes par le biais humour enfantin cohérent avec l'âge des héros, son graphisme et la complexité de la trame principale en font plutôt une oeuvre pour adolescents ou pré-adolescents. Au-delà ce de constat, reste à espérer que la série survive au décès du dessinateur car ce premier tome n'est pas dénué de suspens et aiguise la curiosité.