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es Norwegs ont conquis les terres des paisibles Slivens, réduits à cohabiter avec leurs envahisseurs. Du sang charrié de toute part et dans d’étranges circonstances, est né un enfant sliven, prénommé Ewen. Vingt ans après, devenu adulte, celui-ci sème la mort parmi les armées norwegs. Mais, ayant perdu tout ses hommes et blessé, il est aidé par la belle Alis le jour même où son parrain, Budoc le Fou, sauve un ennemi, le poète Riwall. Furieux de devoir supporter la présence d’un adversaire qu’apprécie un peu trop la jeune fille, Ewen doit cependant prendre son mal en patience. Les visions d’Alis le disent : ils seront quatre à entamer le périple durant lequel le guerrier silven combattra la montagne…
Né de l’association du scénariste Tiburce Oger (L’Auberge du bout du monde, Gorn, La Forêt) et de l’illustrateur russe Andreï Arinouchkine (L’Oiseau de feu, Hyrknoss), Ewen a tout de la légende. De celle que l’on narre au coin du feu, retraçant les hauts faits de personnages hors pair et leurs quêtes saisissantes, suscitant les images d’animaux fabuleux, de paysages extraordinaires et de lieux imaginaires, engendrant des songeries douces ou des rêves fous chez l’auditeur.
Ce premier volet mêle conte, épopée et mythologie, empruntant aux sagas nordiques ainsi qu’aux vieilles histoires russes pour son fond, mais aussi, dans sa forme narrative, à l’écriture de Tolkien. Dès l’ouverture qui explique la rivalité entre les deux peuples, norweg et sliven, le lecteur est happé par un récit qui, s’il s’écoule lentement, s’avère prenant grâce à l’utilisation par Tiburce Oger des ingrédients intrinsèques à une grande légende, en les renouvelant afin d’éviter l’écueil du déjà-vu. Par ailleurs, l’auteur a campé des protagonistes excitant la curiosité parce qu’ils se révèlent différents de ceux qui sont proposés d’habitude. Ewen, en particulier, est d’une antipathie presque rédhibitoire tellement il apparaît dur, sans pitié, excessif et, non pas imbu de lui-même, mais bien imbu de son droit – ou de celui qu’il s’octroie. Son ennemi et rival, Riwall, tout boiteux qu’il soit et malgré sa profession de poète qui pourrait laisser croire à un manque de pugnacité, s’avère également complexe. De même qu’Alis, la devineresse dont l’aura est modulée en fonction de son attache terrestre ou de son ouverture aux visions. Dernier de cet improbable quatuor, Budoc ressemble à un homme frustre et dégage néanmoins une autorité importante, assurant la cohésion du groupe.
Sublimant ce récit, le dessin d’Andreï Arinouchkine s’attache à détailler avec minutie des décors d’un grand réalisme, à rendre avec force et justesse les caractères et les émotions des personnages dont on devine instantanément les états d’âme. Le découpage, classique, donne lieu à des plans cinématographiques, lesquels confèrent un dynamisme essentiel à l’album. En outre, pour parfaire cet ensemble, les couleurs directes, les techniques utilisées, l’aquarelle surtout, ainsi que le papier choisi se marient de telle façon qu’en ressort l’impression vive d’une toile illustrée qui se déroulerait devant nos yeux, un peu floutée par la distance. Les branches ployant sous la neige, les montagnes qui défilent, les corps qui se meuvent – celui, magnifique d’Alis qui s’abandonne à l’amour – semblent ainsi presque irréels, lointains, passés. Enfin, à la fin de cet opus, l’éditeur Daniel Maghen offre trente-deux pages supplémentaires dévoilant l’étendue du talent d’Arinouchkine à travers une série d’études, de croquis et d’esquisses et permettant d’en apprécier le travail.
Ce premier tome d’Ewen est une belle invitation à plonger dans une aventure captivante, soutenue par un graphisme aussi singulier qu’exceptionnel. Même les plus rétifs face à une couverture un peu lisse pourraient être surpris… et conquis.
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Pourquoi faut-il qu'une série si prometteuse soit arrêtée sur décision unilatérale de l'Editeur ? Au moment où j'écris ces lignes, la série avait seulement un an d'existence. Il faut parfois attendre plusieurs années avant qu'un second tome vienne compléter le premier. Pourquoi cette décision si brutale et sans appel ? La maison d'édition est un galériste -Daniel Maghen- qui n'hésite pas à remercier dans la préface Michel Edouard Leclerc pour son soutien permanent... On leur doit le récent Canoë Bay. La réponse est simple: seulement 3000 exemplaires vendus.
Par ailleurs, des efforts ont été réalisés pour offrir un magnifique premier tome avec un grand format inhabituel. Tiburce Oger lui-même signe un scénario plus noir que d'habitude. Les dessins d'Arinouchkine (d'origine biélorusse) sont vraiment de toute beauté avec des tons doux et pastels. On a droit à de superbes esquisses dans un cahier spécial en fin de volume (32 pages de croquis tout de même !). Sur la forme qui fait très galerie d'art, il n'y a rien à redire !
L'histoire en elle-même peut paraître assez classique et simpliste. Un peuple barbare et brutal envahit par la mer les terres d'un pacifique peuple de cultivateurs terriens. La légende dit qu'un homme va un jour libérer son peuple du joug de l'envahisseur. Cette trame n'est point originale. Ce qui fait l'attrait, c'est que ce mystérieux homme n'est pas de ceux qu'on aime. Il a tout du anti-héros. On arrive à lui préférer le gentil poète qui appartient au peuple dominateur. Cette démarche semble un peu novatrice dans le monde de l'héroic fantasy, à de rares exceptions près.
Le problème est qu'on ne connaîtra jamais la suite de cette saga. Je ne peux conseiller l'achat dans un tel cas. J'entends les cris de tous ceux qui aiment l'oeuvre inachevée. Désolé mais je ne suis pas des leurs !
Dommage car j'attendais beaucoup de cette BD que j'ai trouvé en fin de compte fort peu intéressante. Le dessin n'est vraiment pas terrible et le scénario est sans grand intérêt. A oublier rapidement.
Excellent album mais que T. Oger cesse de se moquer de ses lecteurs en commençant des séries pour les suspendre ou les abandonner..... Si ce Monsieur au talent en or veut être respecté, qu’il respecte ses lecteurs ou qu'il change de métier; on évitera d'attendre des suites qui n'arrivent jamais....Grrrrrrrrrr
Idem pour l'avis. On veut la suite !! Rien de pire dans la bande dessinée que de rester sur sa fin :(
Je partage globalement les avis ci-dessus, si ce n'est que je serais un peu plus indulgent sur la qualité du scénario, qui tient tout de même la route...Le dessin est absolument fabuleux, c'est du grand art...Alors, qui des auteurs ou de l'éditeur est responsable de la suspension de la série ???? Faîtes cesser les basses manoeuvres mercantiles et donnez nous, SVP, une suite....
Je suis surpris que cette série soit suspendue ...
C'est dommage car les dessins sont tout simplement superbes, et rattrapent la faiblesse du scénario, surtout dans un tome de présentation qui n'attend qu'une suite .
Bref j'ai vu j'ai acheté et pis maintenant je me retrouve avec un début d'histoire, c'est vraiment dommage que les auteurs n'aient pas un peu plus de politesse vis à vis de ceux qui daignent acheter leurs oeuvres.
Tout ca pour recaser leurs idées de scénar ailleurs, c'est triste.
Ewen, c'est l'histoire de deux peuples opposés qui se déchirent. Parmi eux, un héros (Ewen donc) se détache. Sera-t-il capable de mettre un terme à toutes les souffrances de son peuple ?
Le scénario basique de SF est rehaussé d'originalité grâce au caractère antipathique du héros. Alis est quant à elle magnifique.
Les dessins d'Arinouchkine sont fabuleux, de véritables peintures. Peut être seulement les couleurs manquent-elles d'un certain contraste ce qui aurait permis de mieux se distinguer entre peinture et dynamisme de la BD.
Attendons de voir la suite avant de se prononcer définitivement sur cette série, qui bien que relativement classique jusqu'à maintenant, peut sans doute nous révéler quelques surprises.
C'est un avis contrasté que je vais émettre sur cette oeuvre. En effet je dois avouer avoir trouvé le scénario de Tiburce " Gorn " Oger un peu léger, pour ne pas dire simpliste.
Cependant le dessin de Monsieur Andreï Arinouchkine nous éclabousse de son talent. On voit qu'il y a passé du temps ( 2 ans et demi ) afin de réaliser cet album tout en aquarelle et c'est à chaque planche qu'il arrive à littéralement faire transparaitre l'âme des personnages. La planche où Alis est présenté nue est à couper le souffle de sensibilité et de beauté ( je n'avais jamais vu un grain de peau pareil ) et à mon avis le mois passé dessus par le dessinateur n'y est pas étranger.
En résumé nous avons donc affaire à un magnifique ouvrage avec des illustrations sublimes, du beau papier épais, un splendide cahier de croquis mais qui aurait mérité un peu plus de travail au niveau du scénario.
J'attends tout de même l