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eplier ses ailes et apprendre à marcher …
Pendant que Louis, soupçonné du meurtre de Rosaline, est jeté au cachot et qu’une vieille dame aide Ombeline à prendre conscience du poids de ses « fantômes », un vent de mutinerie se lève sur l’épave de l’Albatros. Restée pour l’heure au chevet d’Emerance, Emeline est décidée à retourner au cabaret.
Le murmure des âmes ouvre la page sur la dernière séquence, attendue, du triptyque. Pas de révélation surprenante, pas de grand bouleversement. L’intrigue suit son cours, l’enchaînement des évènements sa logique. Mais le tout trouve un sens. Car, au-delà de l’épopée, c’est un message qui est porté : prendre son envol dans la vie, grandir, se détacher de la prégnance du passé, faire des choix, les assumer, emprunter une voie nouvelle, n’est pas si aisé. Les hésitations, la confusion, les doutes, la maladresse, les imprévus, balisent le chemin.
Le parallèle avec le poème de Charles Baudelaire devient une évidence. La tentation est grande de le pousser plus loin : trois tomes, trois premières strophes… incomberait-il aux lecteurs d’écrire les derniers vers ? Le conteur serait-il si inquiet de l’accueil que réserve le public à sa création ? Y aurait-il analogie entre le cheminement d’Ombeline et la gestation d’une œuvre, l’apprentissage du métier d’auteur ?
Serait-ce aller trop loin que de voir, d’imaginer, une part d’autobiographie dans cette production ? Les renvois de Vincent, en fin de chaque tome, à trois … puis quatre générations, peuvent y faire penser. Chacun se construit à partir d’un passé, pour une partie qui lui a été légué, et pour une autre qu'il a lui-même bâti...
Si le scénario, plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord, n’est pas d’une grande originalité, les qualités graphiques – singularité du trait, précision des décors, foisonnement des détails, utilisation fine de couleurs très variées – font sortir l'album du lot.
Il ne fait aucun doute que Vincent possède l’envergure d’un grand illustrateur et que son travail mérite d'être suivi de près.
Lire la chronique du tome 1 : Albatros 1 - Shangaïé
Je ne pourrais dire si le 3 est plus ou moins quelque chose que les autres puisque j'ai relu les 2 premiers avant de le lire et qu'il n'y a pas vraiment de ruptures entre les différents tomes.
Moi ce que j'aime dans cette série c'est le personnage d'Ombeline: une figure extraordinairement attachante: elle a beau se prendre des grands coup de claque dans la g..., elle s'obstine à la fidélité en amour pour sa mère défunte, à sa fidélité en amitié aussi, à aimer malgré eux les autres qui ne l'aiment pas ou plus, et à le prouver par ses actes: c'est pas une fille, c'est un coeur à l'état pur, merveilleusement mis en valeur par ce rose fushia qui au cours de sa traversée des trois albums dans cet univers sombre et glauque, au fur et à mesure de ses deuils, passe au rouge orangé un peu terni...
J'aime aussi ce vieux rêve de voler, même s'il est porté par un personnage sans scrupule qui revendique le but d'en tirer profit, l'attachement aux oiseaux transmis à la petiote m'est sympathique.
C'est une histoire tout à fait originale, pleine de vitalité et de sensibilté! Pas facile de faire évoluer la personnalité d'un héros en fonction des épreuves qu'il traverse ...
... et les dessins sont magnifiques!
"Le murmure des âmes" pourrait être l'illustration du poême de Ch BAUDELAIRE tiré des fleurs du mal. En effet le grand navire majesteux qui volait précédemment git blessé comme Emerance son capitaine et ressemble à cet albatros qui devient maladroit lorsqu'il touche le sol car son élégance et sa magie l'ont quitté. Cette fable est bouleversante et nous entraîne dans les pas d'Ombeline, le p'tit moineau qui apprivoise les mouettes pour sauver le cuistot. Un poême à l'ambiance "fellinienne" beau mais sans ostentation. On en redemande !!!