C
apable de percevoir les choses et les êtres dans leur apparence future depuis sa rencontre avec un vieil original, un peintre désabusé trouve dans cette révélation une voie pour sortir de la dépression. Mais son avance sur le temps devient de plus en plus conséquente : il en arrive à ne plus voir que des squelettes, puis son environnement ne devient que poussière.
Rares sont les bandes dessinées dotées d’une telle portée philosophique. Le concept déjà entrevu dans le premier tome se développe ici largement, au point d’annihiler tous les ressorts qui font habituellement le contenu d’un album : intrigue, décors, relations entre personnages… L’effet est immédiat : quand bien même l’idée est séduisante et flatte l’imagination, l’avalanche de monologues égocentriques et de cases grisâtres toutes similaires s'avère très vite indigeste.
Le graphisme décidément très spécial de Ponzio n’y est, pour une fois, pas pour grand chose : ceux qui ne le supportent pas n’auront de toute façon pas franchi le cap du premier volet. Pour d’autres, c’était éventuellement la curiosité qui motivait la poursuite de la lecture mais la finalité devient très (trop ?) vite apparente au point de rendre interminable cette seconde partie.
A moins d’être passionné par le thème, ou tout simplement amateur de ce type de conte philosophique, Dernier Exil risque de demeurer hermétique voire inabordable pour une majorité de lecteurs.
Etant fan des oeuvres du duo Ponzio/Marazano, j'ai approfondi les oeuvres solo de Ponzio.
Voici une adaptation d'un livre fantastique qui nous est proposée. Le dessin est intéressant car il représente une sorte de transition entre le dessin présent sur le Protocole Pélican et le dernier tome de l'ordre de Cicéron. Le dessin de l'auteur est assez Polymorphe. Je découvre une nouvelle facette de son talent.
Concernant le scénario, j'avoue rester sur ma faim. L'histoire est celle d'un peintre un peu raté qui rencontre un vieil homme aux théories bizarres. Il finit par lui inoculer un micro-organisme qui transforme son sens de la vue. En effet, le peintre se met à voir les choses présentes là où elles se trouvent mais telles qu'elles seront dans les temps futurs: d'abord après quelques jours, années puis des centaines d'années. L'idée de base est intéressante, mais on finit par se noyer dans les développements ésotériques et l'apparition des formes. On ne voit pas bien où veut en venir l'auteur, qu'elle est l'intérêt à retirer pour le lecteur de ce parcours. le scéanrio aurait pu être menée à la manière flamboyante d'un Jodorowsky où les personnages extraordinaires, passionnés voir outranciers constituent le pilier de nombreuses de ses oeuvres, avec une trame scénaristique qui reste légère. Mais il faut vraiment proposer quelquechose à dire ou décrire sur le personnage. Ici, le peintre reste peu intéressant, les éléments de sa vie sont sans saveur. le scénario finit par essayer de surexploiter les ressorts fantastiques.
Le résultat final est assez mitigé. A réserver au noyau dur des fans de ponzio.