1423. Avant que les grands explorateurs européens ne soient missionnés, l’invincible armada chinoise parcourait les confins du monde. Un Sorcier protégeait les navires du déchaînement des éléments. La flotte s’était attelée à une tâche immense, cartographier des continents que personne, même les plus grands occultistes, n’avait imaginés. Un savoir à l’origine d’une grande puissance. Une vieille prophétie prétend que la connaissance des réseaux cosmotelluriques – les veines du Dragon – assure, à celui qui les maîtrise, le contrôle de l’énergie élémentaire et la domination de la planète.
Los Angeles, de nos jours. Sept hommes aux aptitudes extraordinaires sont réunis pour préserver l’humanité de la menace de ce fléau.
Après l’adaptation du roman de Stephen King, la Tour Sombre, et Game Keeper, imaginé par Guy Ritchie (Snatch, Arnaques, crimes et botanique…), 7 brothers est la troisième livraison signée Fusion Comics. A l’origine de ce label, l’association des éditions Soleil et Panini Comics pour une ligne éditoriale édifiée autour de deux maîtres mots: « Stars » et « Entertainment ». En l’espèce, c’est John Woo qui s’y colle, assisté pour l’occasion d’un collaborateur de luxe, Garth Ennis, à qui la narration et le découpage sont confiés. Quant au dessin de l’épopée, il est remis aux soins de Jeevan Kang (Spider-Man : India). Le trio était prometteur, « bankable » à souhait, et susceptible d’attirer à lui un large public.
Que dire de l’initiative si ce n’est qu’elle n’est guère concluante. Il est bien loin, le réalisateur virtuose de Hand of Death ou The Killer, de celui qui commet désormais Windtalkers ou Paycheck et qui, à l’instar de bien d’autres réalisateurs et/ou romanciers, se convainc que la bande dessinée est un médium que l'on peut aisément investir. Surtout, le synopsis, plus que convenu, souffre de la comparaison avec des projets autrement plus aboutis (la collection Sept chez Delcourt par exemple). Ce n’est pas un Garth Ennis (Preacher, The Punisher…) en petite forme et peu motivé par ce travail de commande qui sauvera l’ensemble. Tout juste s’est-il contenté de faire ce qui était attendu de lui: des dialogues imprégnés d’un humour très noir et d’une violence blasphématoire, quitte à s’auto-parodier. Ainsi, voir déclamer un Sorcier vieux de quelque six cent ans qu’il plantera le « dard de [s]a colère dans cette infâme catin qu’est Dame Fortune » et que le « monde [lui] servira de préservatif » relève presque du sabotage. Quant au traitement graphique, le rendu est de prime abord assez flamboyant et particulièrement lumineux. Mais le dessin semble se dégrader au cours de l’album. Il est particulièrement difficile de distinguer les protagonistes dont les traits semblent fluctuer au fil des planches, comme si Jeevan Kang se désintéressait lui aussi progressivement de l’histoire comme du destin de chacun des personnages.
Un second tome est annoncé pour ceux qui n’auraient pas déjà décroché. Les autres auront sans doute succombé à la léthargie à laquelle les auteurs les invitent de concert.
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