I
scham et Abel voguent en mer de Chine avec un seul objectif en tête : ne pas rester les deux pirates ratés qu'ils sont. Et ce n'est pas gagné ! Zhonglu, leur cruel rival, ne leur facilite pas la tâche, pas plus que la future femme du gouverneur qu'ils ont presque kidnappée et qui s'avère être la pire des emmerdeuses.
Sylvain Ricard nous a habitués à plus de sérieux dans ses précédents scénarii et le voir évoluer vers un univers décalé et quelque peu loufoque est une nouveauté qui peut étonner. Savoir nager aussi bien en eaux troubles ou limpides est pourtant la marque des grands scénaristes. Pour faire ses gammes (et ses premières brasses donc) il est accompagné de CV7. Qui se cache derrière ce pseudo ? Peu importe, l'essentiel est le résultat de ce travail en duo mis en image par Yuio, jeune dessinateur au style peu académique. Coincé entre le classique bon ton de l'animation 2D pour l'accroche visuelle et le gros nez nécessaire pour l'humour, le trait légèrement carré et quelque peu rigide donne une impression assez agréable de fraîcheur.
L'ensemble n'est pas sans rappeler indirectement Ratafia, dont le quatrième tome vient de sortir : le thème de la piraterie d'abord, le genre humoristique ensuite et le graphisme taillé à la serpe mais si vivant. Plus spontané et moins alambiqué peut-être au niveau de l'humour, moins fouillé sans doute scénaristiquement parlant, mais avec le même objectif : divertir. Le caractère enjoué des deux héros et leur aptitude à tout rater sont des éléments granguignolesques sans surprise mais souvent efficaces. Si le classicisme est un facteur de réussite, il est également synonyme d'un léger manque d'originalité qui peut laisser un goût de trop peu ou de "déjà-vu". C'est un peu le cas avec L'héritière de Mindanao, premier tome d'une série où la gaudriole est le leitmotiv et le second degré un peu trop absent pour attirer un public adepte du deuxième niveau de lecture.
Frères de la côte ravira les amateurs d'aventures humoristiques au parfum d'or et de poudre à canon, les autres se consoleront comme ils le peuvent.
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