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émoin du massacre de sa famille, Solas n'a plus qu'une idée en tête : venger son père, un héros de guerre. L'auteur de cet assassinat n'est autre que Nédal, maître de l'Empire du mal et fou mégalomane qui essaie d'asseoir sa toute puissance en massacrant un à un tous ses opposants. La rébellion s'organise mais ses moyens sont bien maigres comparés à la terrible armada de mantes noires, des machines de guerre redoutables contrôlées par un ordinateur géant. La résistance a presque abdiqué... reste Niloc, un vétéran un peu rouillé mais déterminé qui décide de partir seul à l'assaut du repaire de Nédal. Solas a tôt fait d'emboîter le pas du vieil homme.
Le premier mot qui vient à l'esprit pour qualifier les éditions Paquet est certainement le suivant : cosmopolites. Créées en 1996, elles comptent aujourd'hui plus de 20 nationalités différentes parmi les auteurs présents dans leur catalogue. Le dernier en date se nomme Anders Walter, Danois. Illustrateur, metteur en scène de clips musicaux, il signe avec Solas sa première bande dessinée.
Cet album ne révolutionnera sans doute pas le genre de la science-fiction. Une vengeance, un vieux de la vieille blasé, un apprentis héros, un dictateur sans scrupule... mais surtout un manichéisme confondant de naïveté. Aucune nouveauté de ce côté là ! Le personnage de Solas évoque aussi un certain classicisme : un jeune garçon marqué à vie par un événement tragique et plein de colère. Même l'animal de compagnie est là, très mignon au demeurant : gentille, intelligente, fidèle, elle est la petit bête idéale. Quid de la présence féminine ? Madame Mandorla aux courbes plus que généreuses et au visage ingrat évoque plutôt l'archétype de la sorcière. Le lecteur tourne les pages avec inquiétude guettant case après case la touche de grâce et d'élégance indispensable. Ouf ! Il sera heureusement récompensé de ses efforts. Pour le reste, l'absence de surprises nuit terriblement. Sans être foncièrement mauvais, le récit donne la désagréable impression d'avoir été déjà lu et relu. Quant aux dialogues, surfant maladroitement sur la vague de l'humour, ils se révèlent à la longue lourds et même ridicules par moments.
Pourtant, le dessin est très agréable, particulièrement bien maîtrisé pour un premier album. Le trait est nerveux, les scénes d'action bien rendues et les visages des personnages très expressifs. La mise en couleurs est réussie, loin des tons criards souvent trop présents dans ce style de récit.
Ceux qui découvriront la science-fiction avec Solas passeront très certainement un agréable moment. Malheureusement, la grande majorité du lectorat, initié à ce thème, refermera l'album avec le sentiment mitigé d'un scénario convenu malgré un graphisme prometteur ou d'une copie pâle et sans saveur de titres qui ont, eux, marqué les esprits.
Un jeune auteur sans prétention qui nous embarque dans un monde bien à lui. Une histoire que l'on pourrait trouver classique. Toutefois, les dessins sont accrocheurs et plutôt bien réussis. Je suis particulièrement déçu par la politique de Paquet qui n'a pas donné suite au tome 2, pourtant sorti au Danemark, et qui clôt la série.