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aris, quartier des Marais. C'est une belle journée et, dans le café de Nénesse, dernier du nom, les discussions vont bon train sur un fond d'air bien connu. Boum, quand votre coeur fait boum... BOUM ! Coup de théâtre ! Stupéfaction ! L'histoire commence par une détonation ! Et si on est bien tenté d'appeler Simoun pour qu'il répare un moteur tué à coups d'or noir frelaté, on refoule bien vite ses souvenirs de tintinophile averti pour suivre le tenancier dans la cave de son auguste établissement. Pour y découvrir quoi ? Un simple ouvrage manuscrit, à remettre, selon la note qui l'accompagne, au comte Pacôme Hégésippe Adélard Ladislas de Champignac.
D'emblée, le ton est donné ! Et l'ardent défenseur de cette série mythique rassuré : c'est bien à une aventure de Spirou et Fantasio que nous sommes conviés, et non à un quelconque ersatz imbuvable ! Bien au-delà d'une intrigue principale qui fait plus figure de prétexte que de véritable trouvaille (Zorglub, après avoir inventé une machine à voyager dans le temps, se retrouve coincé en 1865), c'est l'ambiance générale qui fait des Marais du temps une réussite. On retrouve en effet les personnages tels qu'on les aime, et c'est un véritable retour aux sources qui est opéré par un Frank Le Gall dont la ligne claire fait croire à un lien de parenté entre Spirou et Tintin. A moins que ce ne soit Théodore Poussin qui déteigne sur un héros qui n'a pourtant gardé du groom de jadis que la couleur rouge...
Comme à son habitude, le personnage de Spirou, fonceur en diable et toujours prêt à se lancer à l'aventure, n'est pas le plus charismatique du lot. C'est plutôt du côté des personnages dits secondaires qu'il faut se tourner, à commencer par un Fantasio plus burlesque que jamais : dans un style très "old school" qui fait immanquablement penser aux péchés de jeunesse de Franquin, Le Gall fait de lui le gaffeur de service au physique pour le moins étrange, qui ne suit ses comparses qu'à reculons. Face à lui, un Zorglub qui lui a toujours fait froid dans le dos et qui arbore sa tête des mauvais jours. Il n'y a pas à dire, le Z est de retour, et il tient la forme ! Il retrouve d'ailleurs un comte de Champignac égal à lui-même, vieux jeu comme il se doit, toujours présent pour ramener sur terre son savant fou d'ami dont le génie n'a d'égal que la maladresse chronique et la mégalomanie débordante. Enfin, le Spip est lui aussi au mieux de sa forme, parfois peureux mais jamais avare d'un coup de patte. Ses petites réflexions drôlatiques et à contre-temps d'une histoire menée tambour battant sont là pour nous le rappeler. Les références au passé de la série sont donc nombreuses, que ce soit par l'intervention de figures emblématiques ou par de simples allusions, mais Le Gall a l'intelligence d'en user sans trop d'empressement, et (presque) jamais pour son simple plaisir personnel.
Autre trouvaille d'un album décidément plein de surprises, le fait d'avoir poussé le réalisme jusqu'à restituer le langage de 1865 dans toute sa splendeur. Bien que quasi incompréhensible à une première lecture, la langue verte s'avère amusante à souhait. Elle apporte un intérêt nouveau à l'album, alors qu'elle aurait tout aussi bien pu le rendre pompeux et illisible si elle avait été utilisée avec moins de finesse. Et que les nières qui n'entravent nib de nib au jars se rassurent : le glossaire en fin d'album leur permettra de faire toute la lumière sur le parler de leurs ancêtres. Le contraste ainsi créé par rapport au langage plus moderne de nos héros contemporains (voire moderniste en ce qui concerne Fantasio) est du plus bel effet, confirmant le talent de dialoguiste de l'auteur. Et le voilà qui parvient à placer nombre de tics du langage typiques de la série ! Sabre de bois, ça vaut vraiment le détour !
Malgré quelques faiblesses scénaristiques (des explications finales un peu trop précipitées, quelques grosses ficelles et une théorie du paradoxe temporel un peu légère), Les marais du temps se présente comme un exercice de style plutôt réussi. Ce n'est certainement pas le meilleur album de Spirou : il aurait fallu pour cela un scénario plus solide. Ce n'est pas non plus le meilleur album de Frank Le Gall, lui qui n'est jamais si bon que quand il nous narre les aventures au bout du monde de son Théodore Poussin. Mais il est la juste combinaison des deux, c'est-à-dire que l'auteur est parvenu à s'approprier un mythe sans le dénaturer : il y ajoute même un zeste de modernité parfaitement dosé et mêlé d'une certaine nostalgie prégnante d'un bout à l'autre.
Après Yoann et Vehlmann, c'est donc au tour de Frank Le Gall de nous proposer sa vision de l'univers créé par Rob Vel il y a maintenant bien longtemps. Et c'est un régal ! Il ne reste plus maintenant qu'à attendre la paire Yann - Fabrice Tarrin au tournant du prochain one-shot, tant les extraits aperçus ça et là augurent d'un résultat qui dépasse nos plus folles espérances...
Bon, je rejoins un peu les autres avis. L'idée de base est sympa mais au final il ne se passe pas grand chose. En plus, Spirou est vraiment dessiné comme Tintin avec le nez un peu plus pointu et 3 houppes au lieu d'une tandis que Fantasio et Champignac finissent le trio en Haddock maladroit et grincheux et en Tournesol un peu dans la lune (sans oublier Milou/Spip). Le coup du champignon est téléphoné dès le début de l'album et bien sûr le jeune lecteur de Spirou qui répare la machine à voyager dans le temps... Bref, bonne lecture sans plus qui sera vite oubliée.
Pas mal, mais sans plus. L'idée de départ est sympa (SPIROU voyage dans le passé, ce qui pourrait conduire à tout un tas de paradoxes temporels), mais au final force est de constater qu'il ne se passe pas grand chose dans cette histoire. Les motivations de Zorglub ne m'ont guère convaincu, ce qui fait qu'au final l'argument de cet album est un peu foireux. La lecture est toutefois assez sympa, notamment grâce à quelques traits d'humour par-ci par-là bien trouvés (Champignac et ses champignons, les bourdes de Fantasio, les réflexions de Spip, etc.).
Quant au dessin, il faut aimer le style "ligne claire" (ce qui n'est pas spécialement mon cas), aussi n'ai-je pas vraiment adhéré à cette représentation graphique, même si en soit le trait n'a rien d’infamant.
Sans doute le meilleur Spirou et Fantasio depuis bien longtemps (époque début Tom & Janry) Graphisme et couleurs magnifiques, ambiance "à la Poe" fin de siècle très réussie; un bel album de bande dessinée à déguster au coin du feu en plein hiver.
Grosse déception, en particulier: dessin, dialogues, scénar, argot XIXe, gamin génie qui lit les BD et veut booster la machine de Zorglub et avec spip parvient par hasard (!) à retrouver les héros au moment requis, théorie foireuse d'une modif du passé qui n'affecterait pas le présent mais seulement le présent d'un univers //...
Amusant ce parti pris de Frank Le Gall de retrouver la naïveté des premières histoires de Spirou & Fantasio, on a vraiment l'impression de replonger dans une histoire des années 50, avec son vocabulaire châtié, son humour poli et sa légèreté candide. Le trait et le ton tirent plus vers ceux de Franquin que ceux de Tome et Janry, du coup c'est un peu quitte ou double : on est sensible au charme désuet de ces "Marais du temps" ou on passe complètement à coté.
Je suis partagé au final... La nostalgie fonctionne mais les dialogues sont trop ampoulés et sentent trop la démonstration ("je connais l'argot du XIXème") pour être totalement efficaces sur moi. ça manque un peu de profondeur du point de vue du scénario (mais c'est lié au parti pris rétro) et n'atteint pas la qualité des "Géants pétrifiés" sorti dans la même collection.
On retrouve Spirou et Fantasio sous la plume (et le pinceau) de Le Gall. L'histoire nous propose un voyage dans le temps, le Paris de 1865 en l'occurence, pour retrouver Zorglub, évadé dans les marais du temps. Il y a plusieurs détails sympas dans cette album (le retour de Zorglub, du professeur ami de Champignac, le clin d'oeil avec le neveu de ce professeur qui connait Spirou par ses bd...). Le dessin de Le Gall convient bien à l'histoire et à l'univers qu'il a créé, les couleurs sont réussies. Cependant, pour un Spirou, c'est assez moyen, ça ne convient pas à la série, fondé sur de l'aventure sympathique, humoristique, déjantée, mais aventure pure... Le problème est que l'on reste dans du Le Gall (ce qui est normal pour un album dont il est l'auteur), sans entrer pleinement dans du Spirou.
C'est pas mal, mais ça n'apporte rien à Spirou.
La deuxième tentative de redonner à Spirou une nouvelle vie (la troisième au moins...), alors que Morvan et Munuera auraient été apparemment débarqués par Dupuis suite à l'échec artistique et commercial de leur reprise du héros emblématique de Franquin, est tout aussi frustrante que la première (celle de Yoann), même si c'est pour des raisons bien différentes : si Le Gall a relativement bien réussi à actualiser les personnages et leurs idiosyncrasies - en particulier Fantasio, typiquement plus "intéressant" que Spirou lui-même -, il les a emmené dans un scénario trop loin de l'univers fantasque et dynamique qui a toujours fait leur charme pour que nous le suivions dans les glauques "Marais du Temps". De plus, si la pirouette finale sur le paradoxe temporel ne manque pas d'originalité, il faut bien admettre qu'il ne se passe pas grand chose dans cette histoire incohérente et quasi mort-née, dont le vrai héros serait, à la limite, un Spip assez mal croqué par Le Gall...
Le dessin de Le Gall "colle" bien au thème de l'histoire et à l'univers de Spirou.
Il y a dans cet album beaucoup de bonnes choses : l'atmosphère parisienne de 1865, le voyage dans le temps lui-même, le retour de Zorglub.
Le problème est qu'il en y a presqu'autant de moyennes ou quelconques : clichés multiples, explications multiples et oiseuses, etc.
Tout ceci fait qu'on frôle à plusieurs reprises l'exceptionnel pour retomber dans le "bon". Mais en soit, c'est déjà pas mal !
L'intrigue de ce one shot est plutôt pas mal, les personnages sont bien utilisées notamment Zorglub et le côté sérieux avec un peu d'humour comme on l'aime pour faire passer le tout rend l'histoire intéressante à lire. cependant à la fin de l'album on a tout de même l'impression que l'histoire, bien qu'intéressante, est quelque peu légère et aurait méritée d'être plus approfondie. On passe malgré tout un très bon moment et c'est ce qui compte au final.
le meilleur des 3!!! même si nous sommes moins dans l'esprit du spirou d'antan, ce one shot tient la route.
les dessins sont sympas et nous rappelle la génération franquin. le scénario, même si par moment est un peu tiré par les cheveux, rest sympathique à lire.
bref, le meilleur des 3!!!
Je trouve ce tome trés mauvais. Je l'ai eu en plusieurs fois, me disant chaque fois que ce que je lirais serait mieux que ce que j'ai lu précédemment. En vain.
L'histoire est loin d'être passionnante et Zorglub est méconnaissable. Ce tome n'arrive pas à la cheville de la série, ou même du précédent. Grosse déception.
Mi-figue mi-raisin : ça se laisse lire mais un peu trop de grosses ficelles à mon goût.
L'histoire est assez morne et ne décolle pas : on est loin du génie malfaisant de Zorglub, bien terne derrière sa mallette.