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n l'an de grâce 1791, le fantasque baron Hyeronimus Karl Friedrich Von Münchhausen se dirige vers le Nouveau Monde. À peine débarqué le long des côtes canadiennes, son bateau explose de manière inexpliquée. Il se met alors rapidement en quête d'un ancien ami, Rodolf K Schmitze, qui a réclamé son aide dans une lettre reçue quelques mois plus tôt. Sa recherche le conduit à Crown Valley, la Vallée des Corbeaux... également surnommée Vallée des Condamnés. Le baron va très vite comprendre l'origine de ce surnom en vivant, une fois de plus, des péripéties rocambolesques qui le mèneront au coeur de la forêt et de ses mystères.
Les Amériques efface la légère frustration laissée par les Orientales, le lecteur n'étant plus simple auditeur d'un récit trop dense et trop rapidement conté. Cette seconde aventure oubliée relate la chasse à l'homme menée par les villageois contre le baron. Plus rythmée, elle est donc plus immersive et plaisante à suivre que la première. D'autant plus que s'ajoutent à l'anticonformiste protagoniste, qui ne cesse de repousser la mort, le despote Leroy, détestable et sanguinaire chasseur, et un Indien à la sagesse infinie. Course-poursuites, pièges et autres rencontres avec les esprits de la forêt sont au programme de cette improbable traque ponctuée d'humour.
Mais cette série est avant tout l'occasion pour Supiot de laisser s'exprimer tout son talent graphique. S'il est possible de lui reprocher la finition aléatoire des personnages, en particulier celle des visages et notamment celui de Leroy, les décors laissent sans voix. Le bleu des étendues marines du premier tome a laissé place à l'explosion de couleurs de la forêt canadienne. Le lecteur est ainsi transporté au coeur de la magie des lieux par de véritables tableaux miniatures. Enfin, le temps d'un cauchemar, l'auteur revient au style graphique caricatural qu'il adopte pour Marie Frisson et dans lequel il excelle une fois de plus.
Les aventures oubliées du baron de Münchhausen continuent donc de divertir tout en régalant nos pupilles. Direction la Chine pour la suite !
>> Chronique du Tome 1 "Les Orientales"
Ce second tome est toujours aussi bien dessiné pour peu qu'on aime ce genre de dessin (crayonné puis couleurs directes). Mais l'histoire moins débridée m'a moins enthousiasmée que le 1er tome. On ne retrouve pas ici la douce folie du 1er tome qui colle tant au personnage du baron. Il est comme spectateur et non acteur de son histoire. On a du mal à s'impliquer et ressentir quelque émotion à la lecture en dehors des dessins toujours magnifiquement expressifs. Finalement, je pense que l'histoire sous exploite l'énorme talent de Supiot. Peut être, devrait il maintenant passer à un autre projet ?