La chute de la maison Usher (Guillaume) La Chute de la Maison Usher

L a première chose qui attirera l’œil du potentiel acquéreur est la notion de livre-objet qui émane de cet ouvrage. Dos toilé, d’un vert foncé qui invite à l’austérité ou au sérieux c'est selon, et couverture ornée d’un dessin qui n’est pas sans faire penser à un imaginaire tout droit issu du cerveau tortueux de H.P. Lovecraft. Une maison massive et sombre semble comme posée sur une eau marécageuse à la surface de laquelle se reflète son image. Au fil des pages, se révèle une suite de dessins jouant avec les différents niveaux du noir et le blanc, alternant et mêlant un trait plus ou moins appuyé, tantôt fin, tantôt épais. Le découpage semble dicté par aucune autre logique que la folie permet de voir se côtoyer visages emprunts de terreur et corps désarticulés. La décoration d’intérieur, lorsqu’elle est évoquée en fond, se prête à merveille pour réveiller notre subconscient : bibliothèque magistrale, crypte abyssale, … Enfin, en dernière partie, est proposé le texte littéral de La chute de la maison d’Usher.

Cette initiative est bienheureuse, car ceux qui n’auront pas connaissance de la nouvelle de E.A. Poe sur laquelle se repose cette transposition en bande dessinée risquent d’être rebutés par l’aspect pas nécessairement attirant en prime abord du contenu ; en particulier quand des bribes de texte viennent massivement accompagner le graphisme. Cela en premier lieu pour la beauté de cet écrit, mais aussi et surtout, parce qu’il va permettre au lecteur de se consacrer au domaine de l’illustration qui encore une fois prévaut dans la collection « Atmosphère » (cf. : l’adaptation récente du Dracula de B.Stoker par P. Croci et F.S. Pauly). Car la compréhension de l’histoire n’est pas une mince affaire et son possible pouvoir de fascination réside essentiellement dans cette propension à faire entrer le lecteur dans une ambiance. Dans le cas présent, si l’on s’en tient uniquement à ce qui concerne la bande dessinée, l’insertion des textes vient plus casser la fluidité de la narration qu’autre chose.

Un début d'intrigue ? A la demande insistante d’un vieil ami quelque peu perdu de vue et a priori atteint d’un mal mystérieux, un homme se décide à le rejoindre dans sa demeure. Outre d’indicibles signes qui exhalent de cette dernière, la santé mentale de son hôte a tout pour inquiéter…

Livre d’illustration qui n’a pas su pleinement s’assumer sous cette forme, il intéressera les amateurs de l’univers d’E.A. Poe et ceux qui en découvriront et apprécieront un bref aperçu à cette occasion. Il y a là une invitation à prolonger le plaisir initial, mais sans doute peu nombreux seront ceux à franchir le cap d’un album pas évident à aborder.