À travers 80 histoires, Love Stores s’attache au quotidien ordinaire de personnages qui ne le sont pas forcément. 80 histoires pour faire le tour du monde, des cultures, des métiers… pour raconter la vie tout simplement.
Publié pour la première fois en Italie chez Coconino Press en 2005, Love Stores est un recueil de pensées illustrées. Chaque page traite d’une histoire, d’un personnage ou d’un lieu différents, en utilisant des formes graphiques variées. Les textes, dont l’écriture s’est faite en amont, séparément des dessins, se présentent comme des « poèmes en prose ». Leurs structures et leurs rythmes sont répétitifs et uniformes. Certains lecteurs trouveront ça insipide et n’y verront que source d’ennui, tandis que d’autres seront au contraire charmés et se laisseront entraîner par cette danse des mots. Par ailleurs, même si cela ne semble pas être l’objectif majeur de l’auteur Elfo, les plus attentifs remarqueront quelques croisements puisque certains personnages apparaissent dans plusieurs histoires, alternant premiers et seconds rôles.
Le graphisme est pour sa part très diversifié. La ligne claire prédomine mais les dessins sont plus ou moins caricaturaux, plus ou moins hachurés, renouvelant sans cesse le plaisir de lecture. On retiendra en particulier un hommage appuyé à Gerd Arntz, un artiste allemand au style extrêmement épuré et minimaliste, rappelant celui des panneaux routiers.
Après le poignant Ce qu’il en reste, le nouvel éditeur Les enfants rouges propose ici un ouvrage foncièrement différent, dont le principal intérêt est son indéniable richesse visuelle.
Love Stores : c'est une page, une histoire. Il y en aura 80. Chaque page porte le nom d'un protagoniste et on vit son histoire en 6 cases invariablement. Cela donne Marta, Henry, Sara, Luc, Maria, Elena, Rocco, Laura, Eva, Marco, Oscar, Carla... J'arrête la liste mais imaginez 80 noms qui se suivent. Vous avez déjà envie de vous arrêter à la dixième page non sans rire.
Vous allez me dire que ces personnages à peine évoqués vont vivre des choses passionnantes. Même pas ! Extrait au hasard : Licia est romantique. Licia travaille dans un call-center. Elle aime imaginer les visages des interlocuteurs. Elle aime dessiner ce qu'elle imagine. Licia accroche les dessins au mur de sa chambre. Et le soir, avant de s'endormir, elle parle avec eux. Fin. Vous aimez ? Alors, cette bd est faite pour vous.
Bon, je ne devrais pas taper sur un auteur qui revient après 30 années de longues absences dans le monde de la bd. Elfo qui est le pseudo de Giancarlo Ascari. Sa première bd date de 1977. Il préparerait actuellement un roman graphique où il serait question de sentiment, de politique et de culture : tout un programme ! Puis, il faut bien admettre que l'exercice de style était quand même difficile. Le résultat s'en ressent.
Cette compilation d'histoires est cependant plutôt bien dessinée en bichromie et mêlant différents styles.
Ce tour du monde en 80 pages m'a réellement paru fastidieux même si on doit bien admettre que certaines avaient le bon mot ou une philosophie qui ne serait pas à renier.