C
lara, la trentaine, est biographe. Actuellement elle rédige la vie d’une vieille dame qui lui impose à chaque visite en prime de ses radotages qui suintent l’ennui des affreux bonbons d’un autre âge. L’existence qu’elle mène n’a rien de plus croustillant et lors d’une soirée avec quelques copains elle constate avec l’arrogance qui sied à cette situation être la seule célibataire. D’amertume, elle enfile les verres de vin avec une belle constance et part dans un délire lié au champion de F1, Alexis Trupichon : elle écrira sa biographie. Direction Monaco où le grand prix est éminent. Le coureur automobile a, lui, d’autres soucis, ses dirigeants veulent lui imposer comme sponsor « toutoulove », un salon de toilettage pour chiens. De qui se moque-t-on, « une marque de tapette ». La fronde gronde.
« Poisson pilote » a permis une diffusion assez grand public de quelques excellents crus marqués par un esprit novateur. Cette marque de fabrique est encore bien présente avec certaines publications comme le récent Biotope qui s’affranchit quelque peu des codes de cette collection tout en en conservant l’essence. Les petites prouesses de Clara Pilepoile n’entre pas dans cette catégorie et s’accroche aux apparences qui ont fait les heures de gloire de « Poisson pilote ». L’illusion est vite rompue : scénario sans originalité et narration basique. Le lecteur risque d’être rapidement lassé par l’agitation permanente de Clara. Voire même agacé par cette redondance sur les sportifs, abrutis par définition, qui tiennent de manière récurrente des propos homophobes. Très tendance, mais un peu trop facile comme ficelle, ce type d’humour fonctionne lorsqu’il est subtil, sinon cela confine avec une certaine lourdeur qui n’a plus rien de drôle. Cependant, on peut trouver une certaine légèreté, toute proportion conservée, à la première partie et s’amuser des décalages propres au décorum une fois le débarquement en principauté effectué.
Le dessin est quelconque et semble très en phase avec une mouvance actuelle qui veut un certain trait brouillon. Comme souvent dans ce cas de figure, si le contenu ne suit pas, la mayonnaise ne prend pas et il ne reste pas grand-chose. Les visages des personnages sont souvent inexpressifs, à l’image de ce que semble contenir leur boîte crânienne : un vide sidéral. De ponctuels détails vestimentaires ou liés au décor sont toutefois bien sentis.
Certes, Clara n’a rien d’une potiche ce qui n'est pas une mauvaise idée en soi, mais n'est pas Bridget Jones qui veut.
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