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e nos jours, à quelques improbabilités près… San Francisca est une paisible petite bourgade de la côte ouest, éloignée de tout, directement issue de l’imaginaire de l’auteur. Les autochtones féminines vivent regroupées dans un château qui domine la plaine peuplée par les mâles. Si les deux sexes ne se côtoient pas, ce n’est pas faute de divaguer sur cette éventualité. Les filles « … et il me caresserait les cheveux en me disant des jolies choses », les garçons « et sinon, elle avait de gros nénés, la blonde ? », ça ne s’invente pas. Cette situation semble ancrée de longue date et appelée à perdurer. Ce serait sans compter sur l’arrivée d’une star de la chanson française, James, qui débarque dans le but de se ressourcer. L’arrivée de ce clinquant étranger, onze fois disque d’or excusez du peu, va bousculer les bases de cette société.
Quelques axiomes sont nécessaires pour aborder cette lecture : la population apparaît comme étant constituée uniquement de trentenaires (à la louche) dont le développement intellectuel est proche de celui du jeune adolescent. La mode masculine, comme l’indique le titre, est au port du couvre-chef et de la moustache, le code vestimentaire has been suit. L’oisiveté de chacun semble un mode de vie généralisé, sommes-nous en période de vacances éternelles avec moyens illimités ?
Après avoir exploré la fin de l’enfance avec Les aventures de Flip , M. Navarro s’attaque à la puberté. A ma gauche les filles font du cheval, à ma droite les garçons du vélo. Dans le rôle du beau ténébreux qui met en branle les hormones, celui qui vient d’ailleurs. Le tout, sur fond de chansons et guitares, s’accorde à l’heure de la comédie musicale. Mais ça ne prend pas, le décalage entre la réalité et ce monde installé sans explication heurte la lecture. Ces corps d’adultes ne cadrent pas avec les comportements et palabres juvéniles, il manque l’acné. Quoiqu’à la réflexion, le fin duvet qui s’affirme au-dessus de la lèvre supérieure du jeune mâle demeure un symbole fort d’une virilité naissante… Quelques longueurs, des dialogues moins tranchants que ceux de ses précédentes BD, restent des lyrics. Ils offriront un moment de pure anthologie lors d’un duel musical à la 8 miles, où James interprète un morceau intitulé « Dildoboy » à la tête de son groupe. A cet instant, un lecteur trentenaire, de sexe masculin est-il utile de le préciser, pourra effectivement retrouver des joies adolescentes peu avouables.
Le passage du bestiaire aux traits simples de Flip à de vrais êtres humains plus travaillés n’est pas nécessairement une réussite, en particulier parce que les personnages en sortent moins expressifs. Les couleurs réalisées à l’aquarelle constituent un détonant mélange de tons pastels qui peut en un sens rebuter mais correspond assez bien à l’ambiance « Village people » mise en place.
Moins rythmé que le très réussi Skateboard et vahinés chez le même éditeur, ce one-shot contient quelques bonnes idées que pénalise trop l’aspect surréaliste de l’ensemble.
Je n'ai pas du tout aimé ce cow-boy moustachu dans un genre hippie à San Francisco. Tout les garçons portent la moustache et draguent les femmes dans un genre plutôt lourd et très indigeste.
Où sont passés le charme et la grâce ? Cette bd en est malheureusement tout simplement dépourvue. Pour le reste, c'est d'un niveau très bas sans vouloir être méchant mais plutôt réaliste. J'ai rarement vu pire dans les dialogues totalement insipides.
L'oisiveté règne en maître dans un monde dépourvu de certaines valeurs. Bref, je ne cautionnerai pas cette œuvre pour rien au monde. Désolé mais ce n'est pas ma tasse de café.