D
ans une ancienne cité orientale, un étrange personnage encapuchonné débarque sur les hauteurs du palais royal pour négocier avec son occupant que celui-ci lui raconte son histoire. En échange, le roi pourra enfin quitter son royaume à l'aide des harpies. Cette troisième tentative est la bonne car il se décide enfin à raconter l'histoire extraordinaire d'un officier de l'armée de Bonaparte lors de la campagne d'Égypte : Antonio de Quevedo y Tortillas.
L'Orgueil de Tortillas est le premier album d'un auteur autodidacte qui a oeuvré pendant plusieurs années dans les jeux vidéos avant de se lancer dans l'aventure de la bande dessinée. Il s'est inspiré de la colonisation de l'Algérie au XIXe siècle pour asseoir les bases de son histoire et l'a fait évoluer par la suite vers un récit plus fantastique. A la manière des Contes des Milles et Une Nuits, il narre les aventures d'un officier de l'armée de Bonaparte à la recherche d'une chimère. Cette quête s'avérera désastreuse pour ses hommes car Tortillas poursuit l'icône de la femme idéale aux dépends de ceux qui le suivent. Malheureusement pour lui, au bout de cette recherche, il ne trouvera que la folie. Sa démence l'entraînera alors dans un autre monde, une autre époque, là où ses délires vont prendre forme et tuer le peu de raison qui lui restait.
Bou Aziz s'est inspiré du graphisme d'Arno (Alef-Thau, Le Chêne du Rêveur) et l'on retrouve de nombreuses similitudes entre les deux auteurs. Bou Aziz s'exprime par un dessin volontairement épuré, dessinant les décors et autres personnages d'arrière-plan que par un trait ou une silhouette. Il a également repris la même méthode de mise en couleurs avec des couleurs très contrastées et pas toujours harmonieuses. Ce type de mise en couleurs courant dans les années 80 semble trop décalé aujourd'hui avec les progrès de l'impression et des possibilités innombrables liés à l'informatique.
L'Orgueil de Tortillas est un album qui se cherche, flirtant avec le fantastique, mais qui à l'image de son personnage principale semble dériver très (trop) vite vers un univers où le lecteur éprouve des difficultés à suivre. Et malgré un récit assez linéaire, l'histoire, comme la couverture, ne laisse pas indifférente mais ne convainc pas. Espérons que le deuxième tome de ce dytique sera plus clair, mais le doute est permis, car les premières pages se situaient déjà hors de la réalité et hors du temps.
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