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istolet à fléchettes, coups de balai, et gros soupir en regardant s’égrener les minutes sur l’horloge murale, tout est bon pour passer le temps. Et du temps, Daisy Kutter en a beaucoup depuis qu’elle a décidé de se ranger et qu’elle possède l’épicerie d’une petite ville du Far West où les clients se font rares. Passer de la vie haletante de hors-la-loi à celle, ennuyeuse, de commerçante c’est parfois désespérant. Alors quand se profile à l’horizon une alléchante partie de poker, Daisy s’y lance à corps perdu au risque de mettre sa vie et celle de Tom McKay, à la fois ex-complice, amant et accessoirement nouveau shérif, en danger.
Le Far-West de Kazu Kibuichi est un rien déroutant. Il a tout de l’ambiance western des plus classiques auquel a été rajouté une touche de science-fiction par la présence de nombreux robots dans le paysage et au sein même des protagonistes principaux. Le tour de force de l’auteur est de rendre totalement invisible ces personnages d’un autre âge au milieu d’un récit qui pourrait bien se situer à la fin du XIXe siècle. Du steamwestern ou du cyberwestern en quelque sorte ! Cette particularité mise à part, tous les codes sont respectés pour assurer une réussite du genre : cadrage cinématographique, partie de poker endiablée, duels épiques et attaque de train. Et comme l'héroïne est attachante, comme une femme au mauvais caractère peut l'être, la suivre dans ses aventures est un réel plaisir.
Le graphisme est plus proche du manga, surtout dans certaines postures et expressions de personnages, ou de la bande dessinée franco-belge que du comics. Tom Mckay présente d'ailleurs un air de ressemblance avec le Lincoln de Jérôme Jouvray, en plus souriant. Les tons de gris utilisés sont du plus bel effet lors de certaines scènes pluvieuses, comme sait en produire le western spaghetti "à la Sergio Leone".
L'heure est aux femmes dans le western (Angela de Pecqueur et Vatine en est un autre exemple récent), comme dans cette nouvelle collection "peps" chez Albin Michel qui leur est dédiée. Un air frais bien agréable.
Je n'ai pas trop accroché à cette histoire peu ambitieuse. On peut certes sympathiser avec le personnage de l'héroïne Daisy qui perd son commerce lors d'une partie de poker et qui se reconvertit en braqueuse de train façon testeuse de sécurité.
On retrouve certes les codes du western mais c'est exploité de façon trop classique pour convaincre. Cela reste en effet assez fade dans le déroulement des différentes scènes qui se succèdent. Même le graphisme est trop épuré avec toutes les nuances de gris. Reste l'idée originale d'un far-west futuriste mais cela ne me suffit pas.