A
u Japon, l’Assemblée a voté une réforme du Code pénal qui se traduit par l’abolition de la peine de mort mais aussi par la fin de l’emprisonnement à vie au profit de travaux à perpétuité. Il ne s’agit pas pour autant de lâcher des criminels dans la nature sans garantie, qui plus est dans des endroits fourmillant de public. Le détenu 042, auteur de sept meurtres, est choisi pour être le cobaye d’une expérience. Une puce lui est implantée dans le cerveau, capable d’exploser à la moindre pulsion violente, tandis qu’une équipe d’une dizaine de chercheurs étudiera ses faits et gestes. Il est affecté comme agent d’entretien dans un lycée peuplé de jeunes filles.
Le tome 1 de Détenu 042 appartient à une catégorie particulière : celle des albums plutôt insaisissables tant ils évoluent au fur et à mesure des chapitres. Pas d’originalité ni d’audace particulière qui désarçonnent le lecteur, seulement des changements d’angles et de genre au fil de l'eau. L’ouverture donne l’impression de tenir un seinen un peu ambitieux qui tiendra en haleine, probablement parsemé de scènes de violence, tandis qu’il s’achève sur une chasse au lapereau sur fond de larmes d’adolescente qui se flagelle pour les avoir laissés s'échapper. Comme si on passait de l’espoir de revoir Orange mécanique et qu’on glissait progressivement vers un shojo pure guimauve. Entre temps, il n’est pas interdit de s’interroger sur l’opportunité d’offrir une deuxième chance aux criminels, sur le sort réservé aux cobayes humains, sur la manière dont le loup supposé va se comporter dans la bergerie ou sur la cachette de ces fichus lapins. Mais pas grand-chose à se mettre sous la dent en matière d’émotion (la bluette sur fond de bleuets est à la limite du risible, les injustices subies par 042 sont archi prévisibles) ou de suspens (le pan du passé du jeune détenu qui reste à découvrir, les petites frappes qui aimeraient le pousser à bout « pour voir comment ça fait si… »). Peu de choses à noter au niveau du dessin, sinon qu’il s’adapte à la métamorphose du scénario en multipliant les recours à la caricature et à la déformation des visages en fin de volume.
Finalement, Détenu 042 est bien une curiosité. Et il est fort probable que celui qui s’est senti piégé par ce jeu de marelle où les cases sont des genres soit au rendez-vous du deuxième volet, voire des trois suivants. Histoire de voir…
Manga intéressant. La base de l’histoire repose sur la peine de mort : faut-il ou non l’abolir ? Quelle technique palliative pourrait être mise en place ?
A partir de ces questions, l’auteure nous entraîne dans une histoire classique qui repose principalement sur les personnages. Le héros est silencieux pendant une bonne partie du tome 1, son caractère et sa façon de penser sont dévoilés par ses actions et surtout par son conseiller Shiina. Tout au long des récits, nous découvrons son passé, passé assez noir. Au début, Tajima est un personnage relativement antipathique (rappel : il est accusé du meurtre de 7 personnes) mais en connaissant son enfance, nous nous rendons compte qu’il est en fait une victime de la société.
Cette série m'a poussé à m'intéresser à la peine de mort au Japon. Aux États-Unis, elle n'est pas abolie partout mais c'est pareil au Japon. Même si, en général, c'est moins médiatisé.
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