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n seul credo : la mort ! A la fin d'un jeu, d'un séjour en prison ou d'un braquage. Dix fois la violence, la vengeance ou la peur vont frapper des destins dramatiques et sans issue. Des tranches de polar subies par le commun des mortels.
Le jeu de mots est une spécialité de Nicolas Pothier. Ceux qui n'en sont pas encore persuadés peuvent se tourner vers sa série Ratafia, ils en auront la démonstration. Pour Voies off, seul le titre est concerné. Définissant clairement le destin des protagonistes, il décrit également le mode narratif utilisé. Tel un leitmotiv qui rythme les différentes histoires de ce recueil, le narrateur est rarement celui que l'on imagine. Cette construction répétée du tandem voix off / brouillage de piste est l'élément caractéristique qui structure cet album. Si l'extraordinaire est absent du scénario, la forme utilisée et l'humour noir savamment distillé en font de succulentes trouvailles scénaristiques. La répétition ne pénalise en rien le plaisir de lecture tant Pothier arrive à surprendre par son imagination machiavélique.
Le dessin de Yannick Corboz, tout en simplicité apparente, expressif et ponctué de hachures, adoucit le contexte souvent sombre où la vengeance apparaît sous les traits d'hommes et de femmes légèrement caricaturés. Un peu à la manière de Cyril Pedrosa (Ring Circus, Cœurs solitaires), à la différence près que les "gueules" présentées ici ne sont pas celles d'angelots.
Une farandole de prénoms qui titrent dix chapitres pour autant de récits mettant en scène des tragédies parfois comiques, au suspens façonné de main de maître. Une réussite !
Cela a le goût d'un polar, la couleur d'un polar... Cependant, il manque un peu le rythme et l'inspiration.
Ces dix petites histoires qui essayent de méditer en toute élégance sur les crimes tombent à chaque fois à plat dans une désuétude profonde. Il y a une bonne idée de départ qui est cependant "massacré" à chaque fois sans vouloir faire de méchants jeux de mots. Visiblement, une fois qu'on a compris le procédé, cela en devient un peu répétitif.
Je dois admettre qu'il y a bien une ou deux histoires qui sortent un peu du lot. Néanmoins, ce n'est pas assez pour susciter une quelconque admiration.
On a droit à une couverture toute droit sorti du jeu vidéo "GTA Vice City". Une déception palpable en perspective. Mais bon, c'est tout de même un exercice de style. J'ai effectué une relecture qui est mieux passé. Je vais me montrer indulgent dans ma notation car ce n'est quand même pas mauvais.
Tragique ! C'est le destin des personnages de ce "voies off". Le sujet est grave puisque la mort est là, dans chacune de ces 10 histoires. Mais le ton est plutôt à la légèreté dans leur présentation, l'humour n'étant jamais très loin.
Mais le plus captivant, c'est que la chute est toujours à contre-courant. Aspirer d'une histoire à l'autre par l'intérêt de cette chute (que l'on a du mal à présentir), le dessin et les couleurs sont tout aussi captants. Une Bd qui donne envie de se remettre au polar.