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n matin, Joseph K. découvre en se réveillant deux agents à son chevet, venus pour lui signifier son arrestation.
« Qu'ai-je fait ? De quoi m'accuse t-on ?
– Vous n'êtes pas accusé, mais arrêté… Nuance ! »
Comme personne ne prétend le priver de sa liberté, le jeune banquier se rend à son travail. Mais bientôt, il est convoqué au tribunal pour un premier interrogatoire. Sans jamais obtenir d'explication sur la cause de son arrestation, ni sur les faits qui lui sont reprochés, Joseph K. va néanmoins s'efforcer d'organiser sa défense…
Grand créateur d'ambiances où l'humour noir le dispute à l'oppression d'une bureaucratie absurde, Franz Kafka est apprécié des auteurs de bande dessinée. Soit parce qu'ils s'en inspirent, comme Marc-Antoine Mathieu avec Julius Corentin Acquefacques (Kafka à l'envers), soit parce qu'ils décident plus prosaïquement d'adapter une de ses œuvres en bande dessinée. Après Le Château par Olivier Deprez (en gravure sur bois !) et La métamorphose par Peter Kuper, voici une adaptation par Clod et Ceka du roman le plus connu de l'écrivain pragois : Le procès.
Bien qu'il ne s'agisse pas d'un récit à la première personne (Joseph K. n'est jamais un narrateur), tout est montré comme "interprété" par le personnage. Par exemple, on peut voir le héros littéralement noyé sous la paperasse, ou escaladant un escalier aux marches gigantesques. Ailleurs, son avocat est montré en train de dévorer ses dossiers comme si c'étaient des pâtisseries. Et comme Joseph K. tombe dans une sorte de confusion vertigineuse, la ville elle-même devient un labyrinthe : les architectures sont tordues ou délirantes, l'angle droit devient l'exception.
De façon moins pertinente, les auteurs ont glissé des séquences bouffonnes dans le récit : un juge perd sa perruque, le peintre Titorelli barbouille avec de grands gestes d'Arlequin (il en a presque le costume, tant son tablier est couvert de tâches de couleur), le prêtre venu sermonner Joseph K. dérape de sa chaire de façon assez ridicule et la scène où les deux agents simili-Dupondt se font fouetter ressemble à une séance SM (que diable font-ils en caleçon !?). On n'est alors plus du tout dans un monde interprété par le héros : en banquier soucieux de sa réputation, Joseph K est loin de prendre son procès à la blague.
Il semble plutôt que Clod et Céka n'aient pas su choisir entre une atmosphère lourde et inquiétante à la Kafka (qui n'exclut pas un certain humour grinçant, comme dans la scène où le héros congédie son avocat), et leur goût pour la farce et les ambiances façon Commedia dell'Arte. Du fait de cette hésitation continuelle entre le comique et le déroutant, le livre perd en efficacité et s'en tient à un niveau de farfelu gentillet, mais sans éclat.
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Cette chronique tenant plus de l'instruction à charge que du plaidoyer, la parole est à présent à la défense : rendez-vous sur le site du livre, où Ceka & Clod présentent leurs motivations et leur démarche.
Céka et Clod adaptent le célèbre roman de Franz Kafka. Un dossier complète l'édition. Le style graphique est assez déroutant. La lecture n'est pas déplaisante mais loin de la force de l’œuvre originale.
J'ai acheté l'album ce week-end avec une certaine curiosité. J'ai été agréablement surpris, par cette adaptation pour ma part réussie. L'ambiance m'a replongée dans le roman et cela m'a donné envie de relire le texte de Kafka. De beaux dessins en plus et une pointe d'humour plutôt agréable... curieux : ne pas s'abstenir !
Ahhhhh !!! Peut on bien adapté "Le procès" de Kafka sur un média tel que BD ? Ils en tirent l'essentiel... mais c'est bien insuffisant pour ressentir les mêmes émotions qu'à la lecture du livre. Alors quel intérêt ? Absolument aucun. C'est un peu comme les adaptations bd de Lovecraft.