Je suis légion 2. Vlad

D écembre 1942. Le conflit mondial atteint son point d’orgue. La puissance nazie est à son apogée, mais les Alliés connaissent leurs premiers succès à Stalingrad et dans le Pacifique. Au milieu du chaos, plusieurs entités surnaturelles se livrent un combat sans merci, dont l'enjeu est l'issue même de la guerre.

Tandis qu’à Londres, l’enquête sur le meurtre du financier Thorpe identifie un haut-responsable des services secrets, Peter Wilkes, comme le suspect numéro un, le commando mis sur pied par ce même Wilkes se met à pied d’œuvre en Roumanie. Ses objectifs : assassiner le Nazi Rudolf Heyzig et stopper son projet de créer une armée de surhumains grâce à Anna, une jeune fille de 10 ans capable de téléguider d'autres personnes dès lors qu'une goutte de son sang leur a été injectée. Outre ce commando britannique, Heyzig devra se méfier de l’Abwher, le service de renseignement nazi, bien décidé à mettre un terme à son projet. Un point commun à toutes ces intrigues : des hommes marqués par un tatouage, le signe du dragon, et qui semblent employer les belligérants afin de se livrer une autre guerre que celle qui ravage la planète.

Comme le résumé le démontre, l’intrigue de Je suis Légion est loin d’être aisée à suivre tant elle mêle réalité historique (commandos alliés et résistance, rivalité entre la SS et l’Abwher) et thriller policier avec des composantes fantastiques et tant elle se divise en plusieurs tableaux (enquête policière à Londres, actions militaires du commando, guerre des services allemands et évolution du projet de Heyzig). Afin de profiter au maximum des nombreuses facettes de cette surprenante histoire, on ne saurait trop recommander une lecture au calme ainsi qu’une re-lecture du tome un.

Mais loin d’être un écueil, cette complexité est parfaitement maîtrisée par le scénariste qui sait mettre en avant les points essentiels de l'intrigue et les liens entre les différents tableaux, permettant ainsi au lecteur de suivre sans trop de problèmes. Plus axé sur l’action par rapport au tome précédent, le récit avance néanmoins en donnant certaines clefs (mais pas toutes) afin de comprendre les tenants et les aboutissants de cette histoire complexe.

Le mélange entre fantastique et aventure historique est toujours aussi détonnant et admirablement bien mené. Avec les éléments contenus dans sa série, Fabien Nury aurait pu écrire deux histoires de grande qualité, l’une historique et l’autre fantastique. La partie historique est extrêmement bien documentée et réaliste tandis que le côté fantastique est amené de manière très subtile, loin des clichés propres au genre. On appréciera également le nombre important de personnages secondaires que Nury prend le temps de décrire afin de renforcer la crédibilité du récit.

Le point fort de Je suis Légion est à n'en pas douter son intrigue. D'un point de vue graphique, le travail de Cassidy avait essuyé quelques critiques dès le premier album: gros plans figés des visages lors des scènes de dialogues, décors frappés d'un dénuement extrême, incrustation voyante de photographies. Les changements sont peu nombreux mais la présence de scènes d'action plus propices à l'expression des qualités du style de Cassidy et des cadrages moins hasardeux devraient adoucir ces griefs.

Le tome 1 avait été très remarqué lors de sa sortie. Les lecteurs avaient donc d’énormes attentes vis à vis de la suite, augmentant ainsi la pression sur les épaules des auteurs. Contrat parfaitement réussi car malgré certaines faiblesses graphiques, Vlad continue à allier originalité et qualité. Si la suite est du même acabit, cette série risque fort de devenir un classique du 9è art.