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yez gentes damoiselles et beaux gauliters, l'histoire de Sir Duncross, l'impitoyable pourfendeur de vils malfaisants.
En des temps éloignés, dans de vastes contrées, il loue ses services et son art aux puissants qui ont maille à partir avec les démons. Duncross va à la mortaille sans peur, il occit le Malin sans coup férir. Ses nombreux combats sont retranscrits par le père McKellen, qu'il sauva naguère. Tous deux voyagent au gré de l’aventure.
Derek Laufman conduit les lecteurs sur un territoire connu, un monde médiéval dans lequel les hommes sont menacés par différentes créatures malfaisantes et autres démons. Dès les premières pages, il est aisé d'entrer dans l'ambiance, tant d'autres récits issus de la pop-culture ayant préparé les esprits des bédéphiles. De là à écrire que le scénariste ne propose que de réchauffé serait une terrible erreur. En effet, en ne datant pas ni ne localisant son intrigue, Derek Laufman joue avec l'imagerie mentale et les codes du genre médieval-fantastique. Ainsi, pas besoin de cadre, les patronymes et les lieux représentés suffisent à imaginer où cela peut se passer. Le présent tome comporte deux histoires. La première revient sur la rencontre des personnages principaux. La seconde les met à rude épreuve sur une île, où des soldats du roi de Hammerwind ont disparu dans d'étranges conditions. Chacune des intrigues démarre par une page ressemblant à un parchemin écrite par le père McKellen. Ce stratagème contribue à immerger les bédéphiles dans l’ambiance tout en créant un lien chronologique entre les différentes scènes. De plus, le procédé respecte la codification de la geste médiévale. Car il est vrai que les lecteurs les plus mordus de Moyen-Âge reconnaitront de suite la manière de mener le déroulement des récits. En faisant de l'un des personnages le narrateur qui raconte l'ensemble des faits héroïques de Duncross, insistant sur les exploits et le caractère du chevalier errant, le scénariste respecte la structure de la geste.
Le dessin en rondeur de Derek Laufmman est des plus agréables et fait que son album est lisible par un large lectorat. De fait, les scènes de combats qui jalonnent les quatre vingt six pages de ce tome, bien que violentes, en sont quelques peu aseptisées. Optant pour une organisation classique dans ses planches, le dessinateur n'en est pas pour autant prisonnier puisqu'il parvient à produire un découpage très cinématographique rendant la lecture appréciable. Le design des personnages reprend également l'imaginaire médiéval déjà mentionné, affublant le héros d'une cape et d'une longue épée dans le dos à l'instar de Geralt.
Ce premier tome de Duncross contre les créatures du mal est tout aussi divertissant que plaisant de par son appropriation des récits de gestes médiévaux et grâce son dessin. À découvrir.
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